Une école rénovée en six semaines grâce à des façades préfabriquées et isolées en paille

Bientôt revêtue de blanc et de bleu, l'école Joliot-Curie de Palaiseau (Essonne) se met au régime énergétique. La Ville a en effet entrepris la rénovation de cette barre de béton en R + 2 des années 1960, qui accueille un centre de loisirs au rez-de-chaussée et des classes élémentaires dans les étages. Pour cela, elle a opté pour la méthode EnergieSprong.

La démarche, venue des Pays-Bas, vise à massifier les rénovations énergétiques grâce, en particulier, à la préfabrication de nouveaux éléments d'enveloppe rapportés en façade. « Avec près de 3 000 logements sociaux déjà rénovés de cette façon dans l'Hexagone, nous transposons la méthode aux bâtiments éducatifs. Après des écoles à Lille et Raismes (Nord), à Saint-Jean-de-Védas (Hérault) et le campus de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) de l'université Paris 8, cette école est le cinquième site concerné », indique Sébastien Delpont, directeur d'EnergieSprong France. Objectif ici : réduire de 60 % les consommations d'énergie.

Bois-paille

Après le désamiantage, les travaux ont démarré en octobre 2024 avec la mise en place de murs à ossature bois isolés de paille et rapportés sur les façades en place. « Ces panneaux préfabriqués, de 7,30 m par 3,60 m pour 24 cm d'épaisseur, intègrent des fenêtres pariétodynamiques », indique Delfim Caseiro, responsable du chantier pour Bouygues Bâtiment Ile-de-France, mandataire du marché global de performance.

L'air extérieur circule entre les vitrages de la menuiserie pour réchauffer l'air entrant en hiver grâce à l'effet de serre et aux échanges thermiques. En été, le phénomène s'inverse pour rafraîchir l'air entrant. Le dispositif a d'ailleurs reçu le coup de cœur du jury du concours d'innovation EnergieSprong en 2021. Ces panneaux auto portants, pesant jusqu'à 1,4 t, ont été mis en œuvre par l'extérieur au moyen d'un chariot télescopique en six semaines, en janvier et février.

« Cette méthodologie hors site en 2D fonctionne bien grâce à la composition rationnelle de l'édifice. En systématisant la conception, la production et la pose des modules, elle fait gagner en efficacité comme en précision », souligne Mathieu Chazelle, associé et cofondateur de l'agence Enia Architectes. Le bardage en fibrociment, dont la pose s'achève, est mis en œuvre a posteriori, tout comme les occultations, toujours pour optimiser les délais et l'économie du projet. « Faire émerger des standards répondant aux performances attendues implique de trouver un équilibre entre ce qui est concevable hors site et les spécificités de chaque ouvrage », justifie Sébastien Delpont. La toiture avait, quant à elle, déjà fait l'objet de travaux.

Autoconsommation électrique

En plus de la rénovation thermique, la démarche EnergieSprong vise une réduction drastique des consommations. « Une ventilation mécanique simple flux permet d'atteindre un taux de renouvellement d'air de 450 m3 /h dans chaque classe », explique Delfim Caseiro. La récente chaufferie biogaz à haut rendement (63 kW) est quant à elle conservée, en attendant que le bâtiment soit relié au réseau de chaleur urbain du quartier voisin. Et pour compenser les consommations électriques, 78 panneaux photovoltaïques, installés sur la toiture de la nouvelle aile d'accueil, produiront 36 kWh à autoconsommer ou à injecter dans le réseau.

« Ces travaux nous permettent de nous positionner sur le marché de la rénovation énergétique des bâtiments scolaires », rappelle Thierry Jost, directeur ingénierie climat pour Bouygues Bâtiment Ile-de-France. « Demain, les collectivités pourront confier des marchés de rénovation groupés, sur une dizaine d'écoles dans la région, de façon à démocratiser ces rénovations à la fois rapides et à moindre coût », projette Sébastien Delpont. En attendant, les élèves, logés dans des bâtiments modulaires le temps du chantier, pourront profiter des lieux dès la rentrée de septembre, avec une nouvelle cour végétalisée.