Une débauche d'énergie pour tenir les délais

Cité nucléaire -

A Cadarache, le complexe Iter se construit réseaux après réseaux. Aujourd'hui, la consommation électrique du chantier équivaut à celle d'une ville de 12 000 habitants.

 

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A gauche, l’un des deux bâtiments de conversion électrique chargé de l’alimentation des aimants du réacteur. A droite, l’usine cryogénique et ses réservoirs de stockage d’hélium, une installation unique au monde

Après neuf ans de travaux, un pic d'activité vient d'être atteint sur le chantier pharaonique du complexe Iter, à Cadarache (Var). Sur les 180 ha du site, les 42 ha constructibles occupent actuellement 5 000 personnes (scientifiques, compagnons, administratifs). Leur objectif : réaliser d'ici à 2025 le plus important réacteur à fusion nucléaire du monde. Ce dernier devra produire 500 MW d'énergie pendant des durées comprises entre 400 et 600 secondes, à partir d'un apport externe de 50 MW. Créer les infrastructures adaptées à ce processus industriel hors norme s'avère donc essentiel. « Le réacteur aura besoin de réseaux performants aussi bien pour son alimentation en énergie que pour son refroidissement », explique Laurent Schmieder, directeur du projet pour l'agence Fusion for Energy.

Des kilomètres de câbles. Pour faire fonctionner ce site, dont les besoins en électricité équivalent aujourd'hui à ceux d'une ville de 12 000 habitants, des kilomètres de câbles ont dû être déroulés. Depuis le début des travaux, 4 000 mètres linéaires de galeries dédiées à l'électricité et aux télécommunications ont été creusés. A cela s'ajoutent l'installation des caniveaux techniques (sur 4 000 mètres linéaires), des tubes d'évacuation des eaux pluviales (3 900 m de long) et 70 000 m de surface bituminée pour les voiries temporaires. Actuellement, ce sont les canalisations sanitaires et celles dédiées au processus industriel qui sont encours de construction, soit encore 36 000 m de conduites à déployer sur le site. Or, cette tranche de travaux ne s'est pas déroulée sans encombre. L'entreprise espagnole Comsa, initialement chargée des réseaux enterrés, n'a pas réussi à tenir les délais. La mission adonc été confiée à un nouveau groupement, qui réunit Spie Batignolles, Valerian et Atelier de la Chaînette (ADC).

« Les galeries profondes auraient dû être achevées avant la construction des bâtiments. Mais le retard nous a obligés à réaliser certaines sections par phases successives », déplore Laurent Schmieder. Plusieurs voies provisoires ont ainsi dû être démolies, puis reconstruites après coup. Malgré ces difficultés, la plupart des galeries et réseaux sont aujourd'hui envoie d'achèvement, comme l'indique le directeur du projet. « Les galeries profondes sont terminées, nous passons maintenant à la réalisation des infrastructures de surface, comme celles dédiées à l'eau glacée. En ce qui concerne la voirie, tous les accès ont été aménagés. Il ne reste que les finitions. La livraison progressive des premiers bâtiments succède ainsi aux opérations d'excavation et de génie civil. »

Hall de 60 m de haut. Entre les tranchées s'élèvent désormais les premiers édifices. Le bâtiment qui abrite les bassins des tours aéroréfrigérantes -les éléments qui serviront au refroidissement du réacteur -a été livré en décembre 2018. Deux autres ouvrages destinés, eux, aux équipements de conversion de puissance électrique l'ont été en mars 2019. Quant à l'énorme hall d'assemblage des pièces du réacteur, un bâtiment de 100 m de long sur 60 m de large pour 60 m de haut, il est attendu pour la fin de l'année. L'an prochain, l'usine cryogénique, qui servira à produire l'hélium liquide nécessaire pour alimenter les aimants supraconducteurs du réacteur, devrait être livrée dans les temps.

L'énorme hall d'assemblage des éléments du réacteur est attendu fin 2019.

Conformément au planning, d'autres ouvrages stratégiques sont encore en phase de conception. C'est le cas du bâtiment de stockage et de recyclage du tritium. Cet isotope de l'hydrogène est un constituant indispensable de la réaction de fusion nucléaire. « L'expérience acquise lors des opérations de génie civil sur le complexe Tokamak - l'édifice qui abritera le réacteur -nous a servi pour améliorer la conception de ce bâtiment logistique. Nous avons modifié sa configuration afin d'optimiser les pro ces s industriels », précise Laurent Schmieder.

Autre édifice central, la salle de la cellule chaude -où seront traités les composants et matériaux exposés aux neutrons -, équipée de nombreuses installations robotiques, ne fera l'objet d'un marché de réalisation qu'à partir de 2024. « Nous essayons de poser un maximum de jalons avant 2025, date de production du premier plasma à partir d'hydrogène ou d'hélium, rappelle Laurent Schmieder. Cette anticipation est essentielle car, si nous n'y parvenons pas, nous serons obligés de poursuivre la construction sur un site en activité, avec des contraintes logistiques accrues. »

 

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