De lourdes infrastructures routières, autoroutières et ferroviaires, construites aux XIXe et XXe siècles et une emprise portuaire omniprésente ont fait de l’espace public une denrée rare sur le territoire concerné par Euroméditerranée. Pourtant, les urbanistes intervenant sur les différents sites de l’opération ont tous inscrit au cœur de leur démarche la nécessité d’ouvrir aux Marseillais de larges espaces. Cette stratégie est rendue possible par les orientations générales du schéma d’aménagement d’Euroméditerranée, elles prévoyaient de limiter l’impact de l’automobile sur le site pour libérer des espaces communs. C’est d’abord Yves Lion, mandataire du groupement de conception de la Cité de la Méditerranée, qui a pris le parti de débarrasser la frange littorale de ses entraves physiques historiques. La passerelle longeant l’immeuble des Docks sera donc démolie au profit d’une circulation enterrée jusqu’à l’esplanade de l’ancien hangar J 4, remettant en scène le paysage de la rade depuis le boulevard urbain. Ainsi raccrochée à la ville, la façade maritime pourra s’animer. Le projet prévoit notamment la création de « promenades » entre le parvis de la cathédrale de la Major, lui-même réaménagé, et la place de La Joliette, relookée en 1999. « Il s’agit de donner de l’épaisseur au littoral en aménageant les espaces singuliers de découverte du Port », souligne Yves Lion.
L’impact des infrastructures diminué. « En limitant l’impact des infrastructures routières, on diminue le trafic de transit sur le site et on peut ainsi créer de nouveaux espaces générant des usages courants, en particulier des terrasses, des placettes ou des commerces de proximité », détaille Frank Geiling, architecte-urbaniste au sein de la direction du développement de l’établissement public.
Une démarche largement appliquée au sein des différentes ZAC créées sur le territoire d’Euroméditerranée. Par exemple, la trame hétérogène et très dense de la ZAC Saint-Charles/Porte d’Aix a commencé à s’aérer avec la réalisation en 2004 d’un tunnel routier sous la gare. Ce processus sera amplifié dans les prochaines années avec le recul de 250 m du terminal autoroutier de l’A7. Grâce à ces interventions sur les infrastructures, Bruno Fortier et Jean-Michel Savignat, les deux urbanistes en charge de la ZAC, ont imaginé une redistribution des espaces. La reconquête des abords de la gare Saint-Charles s’effectuera notamment par le rattachement du complexe ferroviaire, situé au sommet d’une butte, aux îlots d’habitation éparpillés en contrebas. Les paysagistes Ilex et l’architecte François Kern ont été désignés pour élaborer ce scénario. Ils proposent de créer, sur ce site contraignant, une séquence de terrasses végétalisées et de fontaines venant irriguer les axes, très minéraux, conduisant jusqu’à l’îlot Bernard-Dubois.
Selon la même logique, la coupure de l’A 7, dont l’extrémité sera reculée jusqu’au boulevard Leclerc, va générer un nouveau tissu urbain autour de la Porte d’Aix. L’agence Seura, désignée pour conduire cette opération, propose d’utiliser l’immense terre-plein libéré pour dérouler un mail planté dédié aux piétons et aux cyclistes.
Le travail d’Euroméditerranée sur l’espace public ne se limite pas aux ZAC. Un grand nombre de places et d’artères de moindre importance vont être requalifiées, notamment dans le cadre de l’arrivée prochaine du tramway aux abords de la Joliette.
