«Lorsque notre société a été contactée pour ce chantier, je dois avouer que j'ai trouvé l'idée très audacieuse de la part des propriétaires. Pour nous, la demande était atypique et surtout nous n'avions jamais eu à installer des capteurs thermiques dans ces conditions », précise en pré-ambule Thierry Marambat, gérant de la société Syléol, situéeà Orléans (45).
Le projet des propriétaires de transformer un troglodyte situé dans le Loir-et-Cher en gîte rural n'est pas en soit quelque chose d'inhabituel dans cette région. Ce qui l'est plus, c'est le souhait incontournable d'adopter une solution respectueuse de l'environnement pour chauffer cette habitation.
« Cette grotte a été habitée dans les années vingt et chauffée certainement par le biais d'une cheminée. La difficulté est d'apporter à ce type d'habitation une température acceptable, en toute saison, car il faut savoir que dans un tel endroit, il fait 12 °C en hiver et 15 °C en été », poursuit le gérantde Syléol.
Des contraintes d'ordre paysager
Et si l'entreprise savait répondre techniquement à cette particularité, le problème était plus vaste en ce qui concerne le troglodyte même. Car celui-ci est placé dans un site classé. Il était donc impossible que les panneaux thermiques soient visibles. « En fait, nous devions assurer aux Architectes des bâtiments de France que l'installation de ce système d'énergie solaire répondrait à des critères d'ordre paysager », poursuit Thierry Marambat.
Un chantier d'envergure
Pour ce faire, il a fallu déployer des moyens de taille car pour répondre aux cahiers des charges des Bâtiments de France, après une étude très pointue, la seule solution qui s'est imposée était l'enfouissement des capteurs thermiques à moitié de leur hauteur. L'opération d'un déblaiement, alors inéluctable, sur plus de deux mètres de hauteur a été réalisée à l'aide d'une pelleteuse. Si enterrer les capteurs thermiques à moitié de leur hauteur s'est fait plutôt facilement, la suite de l'installation a été du ressort du « phénoménal ».
En effet, ce troglodyte se trouve sous 7 mètres de pierre de tuffeau (pierre calcaire utilisée dans la quasi-totalité des constructions des châteaux de la Loire). Et même si cette pierre est tendre, l'entreprise Syléol a dû effectuer des forages sur cette hauteur, soit 7 mètres, afin de passer les tuyaux en cuivre munis d'isolants haute température, et ce, afin d'atteindre l'intérieur de l'habitation. Le reste du chantier a consisté à faire courir sur le sol et en suivant les courbes très inégales, lesdits tuyaux, afin de mettre en place un plancher chauffant classique, pourle coup. L'idée retenue, afin de faire l'appoint en terme de chauffage, a été déclinée par le biais d'une chaudière bois dont Syléol vante avec conviction les propriétés d'une ressource locale à moindre coût.
Un appoint indispensable, étant donné la superficie du troglodyte évaluée à 250 mètres carrés.
Paru dans L'Entrepreneur n° 232 du 01/09/2008
