Alors que le Qatar se prépare à accueillir la Coupe du monde de football en 2022, les chantiers se multiplient autour de la capitale du pays, Doha, qui sera l'épicentre de l'événement.
Huit stades sont ainsi construits ou réaménagés afin de loger les futurs supporters.
L'un d'eux, un édifice de 47 m de haut et d’une capacité de 40 000 places, situé au nord-est de la ville, a été conçu selon une idée originale.
L'architecture du stade Ras Abu Aboud repose en effet sur un système de modules emboîtables à la façon d'un Lego, ce qui rend sa structure entièrement démontable et réutilisable.
Stade en kit
« L'idée, après avoir déconstruit le stade, est de pouvoir réutiliser les modules pour d’autres événements sportifs et dans d’autres configurations, par exemple en construisant un ouvrage plus petit, de forme ronde ou rectangulaire, selon les besoins du moment », explique Herminie Metzger, directrice adjointe de l'agence de Paris de Schlaich Bergermann Partner, le bureau d’études coresponsable de la conception du stade.
L’ensemble des parties de l’édifice, que ce soit les gradins, les loges ou encore les sanitaires, sont ainsi formées à partir d'éléments métalliques dont la géométrie a été optimisée pour qu'ils soient facilement transportables dans des conteneurs de bateau.
Ces milliers d'éléments sont d'abord acheminés par la mer dans ces caissons jusqu’au port. Une fois arrivés à destination, ils ne sont pas soudés entre eux, mais assemblés à l’aide d’un système de boulons, dont l'agencement a dû être particulièrement travaillé pour assurer la sécurité de l'édifice et le faire homologuer auprès de la Fifa.
Plancher et poutres récupérables
La conception des poutres en porte-à-faux du toit a également dû être adaptée afin que ces dernières puissent être facilement réutilisées. Chaque poutre est formée de deux éléments identiques, qui peuvent être assemblés ou utilisés séparément selon qu'il est nécessaire d’avoir une petite ou une plus grande portée, en fonction de la taille du stade.
L'optimisation de la géométrie des éléments n'a pas été la seule nouveauté à laquelle les ingénieurs ont pensé lors de la conception de l'ouvrage. Pour limiter le gaspillage, ces derniers ont choisi de recourir à du métal récupéré. Le plancher du stade est ainsi formé à partir des conteneurs métalliques qui ont servi au transport des modules. « Le recours à ce type de matériaux, en particulier pour le plancher, a donc nécessité d’adapter nos calculs », souligne Herminie Metzger.
Si la conception de l'ouvrage offre une place de choix à l'économie circulaire, des arbitrages ont cependant dû être faits afin d'assurer la solidité du dispositif. Ainsi, les fondations restent coulées dans du béton, conformément à l'usage traditionnel, ce qui limite la possibilité de réutilisation de cette partie de l'ouvrage.
Voir la vidéo qui explique le principe de la construction du stade :
Espaces climatisés
En outre, la construction de tels édifices sur cette partie du globe pour des compétitions sportives pose toujours de nombreuses questions. Si la dimension durable des constructions est prise en compte dans le cahier des charges, d'autres dispositions d'aménagement des stades demeurent critiquées.
Ainsi, le Qatar prévoit de climatiser entièrement ses huit équipements pour la Coupe du monde de football, une disposition qui va à l'encontre des principes de l'écologie, et qui reste dénoncée par les opposants à l'événement.
Pour l'heure, deux stades sur les huit sont prêts, dont le fameux stade Al Janoub, conçu par la célèbre architecte Zaha Hadid. Les six autres restent en travaux. Le chantier du stade Ras Abu Aboud doit quant à lui s’achever à la fin de l’année 2020.
