Produire et consommer local. La maxime s'applique aussi à l'énergie, comme le démontre le parc solaire qui répond au nom bucolique de Pousse-Pisse, situé aux frontières des communes de Carlus et du Séquestre dans le Tarn.
Depuis le 1er mai, l’électricité produite par l’installation est vendue directement aux consommateurs situés dans un rayon inférieur à 2 km. Bâtiments publics, commerces, habitations … tous sont concernés.
« Il s’agit de la première opération d’autoconsommation collective adossée à un parc solaire au sol en France », soutient Tatiana Badouard, chargée de suivi coopératif chez Enercoop Midi-Pyrénées. « Sa mise en place a donné lieu à la création d'une véritable communauté énergétique, bien plus conséquente que si nous avions installé des panneaux photovoltaïques en toiture », pointe Camille Combes, chargée de production pour Enercoop.
La coopérative a conçu ce projet avec la participation de l’association locale Solena, qui mène des actions liées à la sobriété et la transition énergétique dans l’Albigeois, et la coopérative Coop de So, qui exploite des centrales photovoltaïques citoyennes dans le département, pour un investissement de 240 000 euros.
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Un parc solaire de 5000 m²
« La mairie du Séquestre a identifié le terrain propice sur une ancienne carrière, à côté de la grande centrale photovoltaïque installée là depuis des années », raconte Tatiana Badouard. 5000 m² étaient justement disponibles. De juillet à novembre 2021, les panneaux ont été posés sur des pieux métalliques battus dans le sol, plutôt que sur du béton pour ne pas artificialiser le terrain. Au total, deux rangées totalisant près de 700 panneaux photovoltaïques polycristallins (marque Peimar), soit 1450 m² de capteurs, sont désormais accolés à l’installation préexistante. « La durée de vie de nos parcs étant de 30 ans, ce délai devrait permettre à ce terrain anthropisé de reprendre vie », souligne Camille Combes.
Une production annuelle de 325 MWh
D’une puissance de 250 kWc, le parc produira environ 325 MWh par an, soit la consommation d’environ 250 personnes ou de 110 foyers (hors chauffage et eau chaude sanitaire). L’énergie transite par le réseau d’Enedis pour être ensuite consommée localement, « à hauteur de 95 % », affirme Camille Combes. Le surplus est revendu à Enercoop qui porte alors sa casquette de fournisseur d’électricité. En absence de soleil, les consommateurs s’alimentent chez leur fournisseur habituel.
Les consommateurs recevront deux factures : l'une relative à l'énergie consommée en journée fournie par le parc voisin – à un prix de vente non soumis aux spéculations - et celle du fournisseur habituel pour les consommations nocturnes. « Ce système permet aussi aux citoyens de se réapproprier la gestion de leurs consommations », souligne Tatiana Badouard.
Mailler le territoire
La coopérative espère reproduire ce modèle. Elle compte déjà à son actif une première installation d'autoconsommation collective sur les toits dans l'Aveyron, ainsi que dix parc solaires au sol de taille similaire. « Notre stratégie consiste à mailler le territoire pour décentraliser la production d’énergie », explique Camille Combes.
La coopérative a également mis en place la plateforme Elocoop pour que les producteurs, les consommateurs et la personne morale organisatrice puissent suivre les opérations d’autoconsommation collective en ligne. En cours de commercialisation, cette plateforme servira aux 88 opérations du genre en France.