A côté de la gare de Brumath, le futur quartier de la Scierie montre que la sobriété foncière et le logement locatif social n’effraient plus les petites villes d’Alsace. Accompagné par Urbitat + Quartiers et par la Société d’aménagement des régions de l’Est (Sarest, groupe Crédit Mutuel), le maire Etienne Wolf met toute sa force de conviction au service d’un projet qui renforcera le centre-ville, conformément aux orientations du schéma de cohérence territorial de la région de Strasbourg. 450 logements apporteront 1200 nouveaux habitants à la commune qui en compte aujourd’hui 10 000.

La reconversion de la friche de 11 ha donnera naissance à l’une des premières opérations inscrites dans le dispositif « Quartier Plus » du conseil général du Bas-Rhin, pour faciliter la sobriété foncière et énergétique dans des quartiers mixtes et multifonctionnels.
Tanneries : l’empreinte industrielle
Entre la troisième couronne strasbourgeoise représentée par Brumath en ouverture de la journée et le cœur de l’agglomération transfrontalière dans l’après-midi, la proche périphérie de la ville centre occupera la fin de la matinée du 4 juillet. Deux futurs quartiers limitrophes, au sud-ouest de la ville centre, totaliseront près de 3000 logements et mettront en lumière la récente ouverture des opérations publiques d’aménagement à la concurrence privée, dans l’agglomération strasbourgeoise : Nexity Foncier Conseil aménage les Tanneries à Lingolsheim et, en groupement avec la Sarest, les Rives du Bohrie à Ostwald. Son directeur régional Est Mathieu Schweyer expliquera l’équation économique qui justifie le boom du logement en cours dans la capitale alsacienne, conformément au programme local de l’habitat dont Frédéric Maillot, directeur de projet à la communauté urbaine (Cus), rappellera les principales orientations.
Bohrie : l’eau fabrique le projet
Ces deux opérations phare illustrent deux enjeux majeurs de l’éco-aménagement : la dépollution et la biodiversité. Dans les anciennes tanneries de Lingolsheim, « le principe de précaution, lié au passé industriel du site, justifie une servitude d’utilité publique qui interdit les cultures potagères. Cette contrainte n’a pas soulevé de difficultés majeures, compte tenu de l’absence d’habitat individuel dans le projet », précise Laurent Ehresmann, premier adjoint chargé du pôle Développement urbain durable. Un verger à vocation paysagère et un réseau piéton et cyclable adouciront l’ambiance urbaine du quartier qui prolonge la rénovation de la cité des Hirondelles. Dans d’anciennes gravières d’Ostwald, « nous avons façonné le projet avec l’hydraulique, comme en témoigne l’île, qui en constitue la pièce centrale », rappelle l’architecte paysagiste Catherine Linder, mandataire de la maîtrise d’œuvre. La Cus et le bureau d’études Lollier Ingénierie rappelleront le rôle du projet dans la trame verte et bleue de l’agglomération, ainsi que les dispositions techniques susceptibles de stimuler la colonisation du site par des amphibiens protégés.
Danube : un demi-stationnement par logement
Dans le prolongement d’un fil conducteur qui, d’ouest en est, amènera progressivement les participants dans l’enceinte historique du port de Strasbourg et jusqu’au bord du Rhin, l’éco-quartier du Danube concentre également deux enjeux clé de l’écologie urbaine : l’éco-mobilité et la maîtrise de l’énergie. Avec son hall d’accueil qui servira de garage à vélo, l’immeuble dessiné par Urbane Kultur pour le bailleur social Batigère Nord-Est montre qu’au-delà des infrastructures de déplacement, la mobilité douce change aussi la conception des unités d’habitation.

Mais les enjeux les plus complexes de l’éco-mobilité concernent les parkings de sous-sol : ils n’offriront qu’une demi-place par logement, à charge pour l’association syndicale de gestion de répartir leur affectation. « Le stationnement ne constitue qu’un maillon de l’offre globale de mobilité qui facilitera la vie sans automobile individuelle », parie Laurent Py, chargé de la stratégie du stationnement à la Cus.
Port : en bateau jusqu’au Rhin
Plus difficile encore à relever, le défi d’un îlot à énergie positive s’inscrit dans un horizon de 10 ans. Avec l’agence d’architecture AeA, le bureau d’études Illios a listé les surfaces et les matériaux susceptibles de capter et stocker l’énergie. La réflexion sur sa restitution locale reste inaboutie : « Bien que tout le monde parle de Smart Grids, la consultation des industriels n’a pas encore permis d’identifier des applications satisfaisantes, sur le plan technique et économique », témoigne Gilles Garnier, fondateur d’Illios.
Dessiné par Devillers & Associés pour la Société d’équipement de la région de Strasbourg, l’écoquartier Danube symbolise la dynamique urbaine en cours jusqu’au Rhin, sur les 2,5 km de l’axe historique du port autonome de Strasbourg. Pour sentir ce mouvement orchestré par Bernard Reichen, auteur du schéma directeur des deux rives commandé par la ville et le port autonome avec la commune allemande de Kehl, les participants à la Journée Ville durable emprunteront la voie fluviale : un mode lent, sûr et écologique, adapté à la part de rêve qui anime les acteurs de l’aménagement urbain durable.