Un conservatoire en calme majeur

Equipement culturel -

Construit dans un interstice parisien, le bâtiment se veut discret mais non sans caractère.

 

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Les conservatoires municipaux d'arrondissement, à Paris, jouissent d'une réputation d'excellence. Mais dans le XIVe, pour profiter de la qualité des enseignements, il fallait être capable, jusqu'à une période récente, de faire abstraction des fuites d'eau. « Le bâtiment des années 1970 qui l'accueillait était vraiment vétuste, confirme la maire d'arrondissement, Carine Petit.

De plus, il n'était pas accessible aux PMR et manquait de salles adaptées aux pratiques collectives. » Depuis novembre 2019, le conservatoire Darius-Milhaud adonc déménagé dans un bâtiment neuf conçu par l'architecte Bruno Mader.

Une partition subtile. Dédié à l'apprentissage de la musique, de la danse et de l'art dramatique, l'édifice s'est glissé dans une impasse, profitant d'un délaissé résultant de la reconstruction de l'école élémentaire voisine, dans les années 2000. Sur cette parcelle engoncée entre des immeubles de logements de huit à treize étages et située en retrait par rapport à la grande artère formée par les boulevards des Maréchaux, le conservatoire joue une partition subtile. Quand son enveloppe de béton de teinte claire lui assure une certaine discrétion et garantit son isolation acoustique, la juste répartition de ses volumes lui permet d'affirmer sa présence.

Le conservatoire s'avance ainsi à la vue de tous, sur le boulevard, en un grand parallélépipède sculpté par d'amples ouvertures. « En raison de l'épaisseur nécessaire des planchers dans untel équipement, le bâtiment allait de toute façon se signaler par une hauteur assez importante », explique l'architecte. « L'édifice est en effet de grande taille, mais il a su s'installer là calmement », juge aujourd'hui Carine Petit. L'élue se souvient d'ailleurs que, lors du concours, organisé en 2015, « ce projet était le meilleur en termes de positionnement ».

Alternance de plis et de creux. Le reste de ses 4 056 m² de surface de plancher (pour 2 410 m² de surface utile) se déploie en cœur d'îlot. Tout en s'abaissant, le bâtiment y interprète une variété de mouvements. Cette alternance de plis et de creux « ne relève pas d'une fantaisie d'architecte, assure Bruno Mader. Elle est une réponse aux contraintes de l'environnement. » Et démontre la volonté d'entretenir des relations de bon voisinage.

Le projet aurait en effet pu imposer une densité bien plus importante puisqu'une des hypothèses de départ, vite abandonnée, suggérait d'adjoindre à l'équipement culturel des bureaux destinés aux services municipaux d'aide sociale.

Finalement, le bâtiment livré a, en particulier, noué des liens avec l'école, notamment grâce à l'extension de la cour de récréation. Quant aux immeubles alentour, ils bénéficient de vues sur des terrasses plantées et notamment sur le jardin -joli mais inaccessible -qui foisonne sur le toit du grand studio.

A son entourage proche, les passants du boulevard comme les enfants de l'école, le conservatoire révèle aussi un peu de sa vie intérieure. Selon Bruno Mader, « la façade, avec ses grandes baies, raconte le programme ». Côté boulevard, ses fenêtres, qui s'étirent en largeur ou en hauteur, laissent entrevoir le travail des élèves dans la salle d'orchestre durez-de-chaussée ou dans le studio de danse du premier étage, voire, tout en haut, dans la salle de chant. Dans ce bâtiment où les espaces intérieurs sont des outils de travail d'une très grande sobriété, ces ouvertures généreuses offrent un luxe de lumière et de vues. Et lorsque vient le moment de se cacher du monde extérieur, ou des rayons du soleil, il suffit de tirer les rideaux.

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