A Metz (Moselle), une ancienne friche hospitalière accueille sur 2,5 ha, à proximité de la gare et du Centre Pompidou, l'un des plus spectaculaires chantiers de logements du moment. Menée par Demathieu Bard Construction, l'opération vise à créer l'îlot Cœur impérial, baptisé ainsi en référence à son implantation dans le périmètre du quartier impérial de la période allemande (1871- 1918). Après une lourde phase de déconstruction, l'entreprise s'attelle, depuis janvier 2018, à la réalisation du gros œuvre des six bâtiments (424 logements) qui composent cet ensemble de 32 000 m² SP en zone dense. L'ampleur du projet n'a pas bridé sa créativité, comme en témoignent les solutions utilisées.
Aujourd'hui, la moitié des travaux est achevée. A l'extrémité nord du site, dans le bâtiment destiné au bailleur Logiest, 2 600 m² de dalles de plancher ont pu être coulés à l'aide d'un système novateur de coffrage imprimé. Les plaques de 2,25 x 1,20 m fournies par la start-up nantaise Smart Cast présentent l'avantage d'intégrer les tracés des cloisons, des réseaux de fluides et d'électricité, ainsi que les sens d'ouverture des portes. « Ces panneaux coffrant s resteront intégrés dans la dalle béton, à l'inverse des contreplaqués traditionnels. Ils servent de revêtement de finition des plafonds qui sont ainsi prêts à être peints », détaille Christophe Laurot, directeur de travaux chez Demathieu Bard.
Leur usage supposait un important travail de synthèse numérique des données, ainsi qu'un budget supplémentaire pour l'acquisition des coffrages perdus. Ces efforts devraient cependant être compensés par un gain de temps en second œuvre et l'assurance d'une bonne insertion des réseaux et cloisons, assure l'entreprise générale. Une conviction renforcée par le fait que les bâtiments de logements sociaux s'avèrent particulièrement propices à l'emploi de cette technique. « En effet, les plans d'implantation de ces ouvrages sont peu susceptibles d'évoluer avant la fin de la phase d'exécution », explique Christophe Laurot.
Trois types de béton blanc. Les balcons décalés et ondulés de l'immeuble Amiral (37 logements), en bordure ouest de l'îlot, ont également réclamé de l'inventivité. Pour ces éléments, le béton blanc a été préféré afin de mettre en valeur leur ligne épurée. Ce choix impliquait de lever certaines contraintes. En l'absence de finitions (couvert in e de protection et enduit), il a d'abord fallu s'assurer que les parties garde-corps et pré dalle s'ajustent parfaitement. « Nous avons obtenu la courbure adéquate lors du moulage des pré dalles en réemployant les coffrages utilisés pour la fabrication des garde-corps », précise la responsable gros œuvre du chantier, Virginie Varoqui. En outre, trois échantillons de béton blanc de textures différentes ont dû être soumis à l'architecte par BCS Préfabrication (Vosges). L'agence Dynamo Associés souhaitait les voir se fondre dans l'enduit mural en façade pour tracer une ceinture de 1,50 m de haut autour du bâtiment.
Enfin, la dernière originalité est à chercher à l'angle nord de l'Amiral. Ici, Demathieu Bard a dû gérer le porte-à-faux de trois imposants balcons en R + 1, R + 2 et R + 3. « Le bureau d'études béton a estimé que leur poids propre ne pouvait être repris pas la seule dalle du bâtiment, poursuit Virginie Varoqui. Nous avons donc imaginé un système de poutres noyées dans les garde-corps assurant une liaison mécanique avec les voiles de la façade. »


