Evénement

Un comptage plus fin des fibres d’amiante

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Le contrôle de l’empoussièrement en milieu professionnel va connaître une véritable révolution. Pour bien comprendre, revenons en arrière. Suite à un rapport publié en 2009 par l’Agence française de sécurité sanitaire, de l’environnement et du travail (Afsset), pointant le caractère cancérogène des fibres fines d’amiante, la Direction générale du travail (DGT) a diligenté une campagne expérimentale de prélèvements et de mesures des fibres d’amiante par microscopie électronique à transmission analytique (Meta) conduite en milieu professionnel. « Les résultats de cette campagne (1), conduite en 2010, ont mis en évidence des niveaux d’empoussièrement d’une ampleur inattendue pour certains matériaux, notamment en raison des techniques utilisées ou de la dégradation de ces matériaux », souligne la DGT. La réaction des pouvoirs publics ne s’est pas fait attendre ! Un décret, prévoyant l’abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 100 fibres par litre actuellement à 10 fibres au 1er juillet 2015 et instaurant la méthode Meta comme nouvelle méthode de mesure, est en cours d’élaboration. La France sera le premier pays à adopter la mesure Meta comme référence. Si les entreprises disposent de trois ans pour se mettre à niveau, elles seront impactées par le nouveau mode de comptage des fibres par la méthode Meta, dès juillet 2012. « 100 fibres par litre avec la méthode Meta n’équivalent pas à 100 fibres par litre mesurées par microscopie optique à contraste de phase (MOCP), méthode utilisée jusque-là, indique Anita Romero-Hariot, expert en assistance et conseils techniques ‘‘ amiante ’’ à l’INRS. En effet, la méthode Meta permettant de compter au moins deux fois plus de fibres, notamment les fibres fines, cela revient à abaisser l’actuelle VLEP en moyenne par deux. » Avec pour conséquence directe pour les entreprises de revoir le niveau de protection respiratoire des salariés et de prévoir, en amont, des méthodes d’intervention générant des niveaux d’empoussièrement plus faibles.

Pour gérer la période transitoire, la Direction générale du travail vient de publier une instruction (publiée dans le cahier « Textes officiels » de ce numéro) préconisant les moyens de protection à mettre en œuvre sur les chantiers. Ainsi, pour les travaux de retrait de matériaux contenant de l’amiante non friable très émissifs (entre 6 000 fibres par litre et 25 000 fibres par litre), les masques de protection respiratoire isolants à adduction d’air à pression positive garantie seront de rigueur. Et c’est là que le bât blesse ! Ces activités de maintenance sortent du contexte des activités de retrait. Dans le premier cas, le professionnel intervient ponctuellement sur un matériau amianté tandis que les opérations de retrait génèrent des expositions importantes et continues toute la journée. Pour Alberto dos Santos, président de la commission amiante du Syndicat national des entreprises de démolition, le « vrai problème va être de répondre à ces nouvelles exigences réglementaires alors que les équipements de protection actuels, notamment les masques présents sur le marché n’offrent pas le niveau de protection attendu ! »

Le syndicat professionnel s’est lancé dans une course pour convaincre les fabricants d’équipements de protection individuelle (EPI) de proposer des gammes de produits adaptés aux nouvelles contraintes. Une bataille qui ne va pas être simple à mener, car les protections respiratoires ne représentent aujourd’hui qu’un micromarché dans le monde des EPI.

Echéance : 1er juillet 2015 pour l’abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle

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