Dans l’espace de travail en plein air qu’il imagine, Vincent Schaller entend franchir un obstacle vécu par tout un chacun : « La lecture sur écran ne supporte ni le soleil, ni la pluie ». Mais le P-DG de Sineu Graff sait que l’intuition technique ne suffit pas : « Nous pensons tous un tas de choses, nous en discutons beaucoup entre professionnels, mais rarement avec la jeunesse et les usagers ».
Nouveau souffle
Ce constat justifie son adhésion immédiate à la démarche Fut’Urbain, accompagnée par le syndicat de l’Ameublement français et coordonnée par l’institut technologique FCBA : une participation d’autant plus naturelle que le jeu collectif a toujours caractérisé la trajectoire de Vincent Schaller, fondateur de l’ancien syndicat des professionnels du mobilier urbain, désormais rattaché à l’Ameublement français.
« Face à des usagers qui changent, la ville a besoin d’un nouveau souffle », estime-t-il, exemple à l’appui : « Qui aurait parié sur l’avenir des trottinettes ou autres monocycles électriques, voici cinq ans » ? Faute d’anticipation, cet engouement n’a pas encore trouvé sa traduction dans l’espace public.
Du rêve à l’objet
Attentif au désir d’espaces de liberté gratuits, quand les budgets loisir se tarissent, Vincent Schaller considère l’écoute des nouveaux usages de l’espace public comme un moteur de l’évolution de sa profession. Il ne minimise pas pour autant la difficulté de l’exercice : « Savoir distinguer un réel nouvel usage, par rapport à un détail éphémère ». Le travail de longue haleine proposé par Fut’Urbain offre un garde-fou.
Pour passer du rêve à l’objet, le P-DG de Sineu Graff ne veut surtout pas caler pour des raisons techniques : « Quand nous développons une gamme, nous ne nous limitons pas à la capacité de nos outils de production. La sous-traitance existe, et nos savoir-faire doivent évoluer ».
Mais avec la maîtrise interne de la transformation du bois et du métal, ainsi que celle du traitement de surfaces, Sineu Graff peut répondre à une large palette de demandes : à partir de son site de Kogenheim (Bas-Rhin), proche du centre géographique de l’Alsace, l’entreprise de 80 salariés intègre 80 % des savoir-faire nécessaires à la fabrication de ses produits.
Bonheur partagé
La plus belle récompense à son effort d’écoute, le chef d’entreprise la trouve dans la satisfaction de l’usager : « Quand nous avons facilité la tâche des services de propreté urbaine avec notre gamme Jumbo, un chef de service m’a dit : ce qui m’ennuie, c’est de n’avoir pas trouvé l’idée moi-même ». Les usagers des bureaux urbains renverront-ils ce type de messages à Nantes ? Réponse à partir de l’été prochain.