Après le projet d'Ile flottante (4.000 cabines, 400 m de long et 300 m de large), le Jules Verne est la nouvelle vitrine d'innovation des Chantiers de Saint-Nazaire (Alstom marine).
Il s’agit en fait d’un paquebot-trimaran long de 280 m et large de 70 m qui peut être construit à la demande par les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire.
"Le projet Jules Verne est intermédiaire entre l'Ile flottante et le paquebot classique", explique Christian Gaudin, responsable du développement des nouveaux navires aux Chantiers de l'Atlantique, créateur du projet avec Frédéric Savarin, architecte dplg.
Limités par leur largeur, les paquebots excèdent rarement les 40 m. "La solution c'est le multicoque", selon M. Gaudin, concepteur de la carène du trimaran.
Elle est composée d'une coque centrale avec une étrave droite et de deux flotteurs latéraux, qui lui assurent une grande stabilité et autorisent l'installation de deux à trois ponts supplémentaires par rapport à un paquebot classique.
Si l'Ile flottante relevait du rêve, le projet Jules Verne "n'est pas plus compliqué à faire qu'un navire classique : si les chantiers recevaient une demande, ils sauraient l'exécuter", affirme M. Gaudin.
Frédéric Savarin a conçu à partir de cette carène un concept de navire "moderne mais réaliste à moyen terme" présenté en mars au salon nautique Seatrade de Miami.
"La carène nous permet de nous affranchir des coursives droites, on peut créer de vrais espaces de vie à proximité des cabines", décrit Frédéric Savarin.
"On n'a pas voulu faire un bateau gigantesque en nombre de cabines", note l'architecte qui a créé un espace modulable qui peut proposer jusqu'à 1.700 cabines de 20 m2.
"L'avenir est aux énergies mixtes", explique l'architecte. Il a ainsi imaginé de cacher la drome abritant les canots de sauvetage dans les flancs du navire et d'installer des panneaux solaires au-dessus.
Il a aussi prévu le traitement des rejets et fumées du navire, qui en outre consomme moins qu'un paquebot classique de par sa forme tout en gardant une vitesse équivalente de 24 noeuds.
Pour se rapprocher du marché américain de la croisière, dédié aux loisirs et donc demandant plus d'espace, le trimaran apporte une réponse concluante: "On a presque doublé la surface par rapport à un navire classique, j'ai écarté les ponts, créé des piscines combinées avec des sundecks", commente M. Savarin.
"Nous avons aussi travaillé sur les accès du bateau vers la mer car jusqu'en 2045 nous pensons qu'il va y avoir une évolution du marché de la croisière", explique l'architecte.
Ainsi quatre marinas, surplombées de dômes en verre pour un effet puits de lumière, abritent entre les coques du navire différents types d'embarcation pour des départs en excursion.
Et si la nouvelle vitrine des Chantiers de l'Atlantique a été imaginée pour la croisière, elle pourrait se décliner aussi pour un usage militaire, selon ses concepteurs, en raison de la surface gagnée sur le pont, très utile par exemple pour des navires porte-hélicoptères.
Christian GAUVRY (AFP)