Construite en 1965, la dalle de roulement du tunnel du Mont-Blanc sépare la chaussée des réseaux et gaines de ventilation qui se trouvent en dessous. En 2015, des inspections détaillées ont montré un début de corrosion de ses armatures ainsi que des effritements d'enrobage. « Sans doute une conséquence de l'eau et des agents chimiques utilisés pour venir à bout de l'incendie de 1999 », explique Cédric Petitcolin, chef de projet au GEIE TMB, gestionnaire du tunnel qui relie la France à l'Italie.
Engagé en 2018, le remplacement de la dalle s'achèvera le 18 juin prochain au terme d'un linéaire total de 1 699 m. Pour limiter son impact sur le trafic transalpin, il se déroule de nuit et en semaine. Il s'achèvera avec une fermeture de 30 heures pour réaliser les couches d'étanchéité et de roulement ainsi que la mise en place de la signalétique verticale.

Mobilisation rapide des moyens. Ces contraintes de calendrier, en particulier la réouverture de l'ouvrage chaque matin, influent fortement sur le cadencement des travaux qui mobilisent toutes les nuits une soixantaine de compagnons. « Ces opérations coup de poing nécessitent beaucoup de logistique, d'anticipation et de réactivité. Les moyens doivent être très rapidement mobilisés sur site en début de soirée et évacués au petit matin », ajoute Nicolas Roges, directeur de projet chez Spie Batignolles Génie civil, titulaire du marché avec Cogeis.
Le tunnel du Mont-Blanc est le premier ouvrage de ce type à remplacer une partie de sa dalle de roulement. La méthodologie retenue consiste d'abord à désolidariser chaque ancienne dalle de 12 t, puis à la soulever avec un portique qui lui fait faire un quart de tour avant de la charger sur une remorque au gabarit routier. Lorsque deux d'entre elles ont été retirées, la remorque sort du tunnel pour les évacuer et en récupérer deux neuves préfabriquées en Italie.

Confinements dynamiques. Une fois la zone nettoyée, la dalle de remplacement et les nouveaux éléments comme les trottoirs sont installés. Au petit matin, le portique est replié et le chantier évacué tandis que le personnel d'encadrement du GEIE TMB vérifie que toutes les conditions exigées par l'exploitation sont réunies. Jusqu'à la découverte de joints bitumineux amiantés en 2021, le remplacement d'une trentaine de dalles par nuit était envisagé. Depuis, le rythme oscille entre deux et quatre dalles selon la configuration du tube avec un coût multiplié par trois. Des confinements dynamiques sont mis en place pour une partie des travaux tandis que des scies avec commandes déportées permettent un pilotage depuis l'extérieur de la zone.
Constitué de deux ouvrages percés de part et d'autre de la frontière par les Italiens et les Français avec des technologies un peu différentes, le tunnel du Mont-Blanc est un monotube de 11,6 km qui s'étire sous le glacier de l'Aiguille du Midi. Il connaîtra en septembre 2024 les premières opérations tests en vue de rénover une portion de 600 m de sa voûte. Là encore, des travaux inédits.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : GEIE TMB. Maîtrise d'œuvre : Quadric-Artelia. Entreprises : groupement Spie Batignolles Génie civil (mandataire) avec Cogeis pour la première tranche en 2018 et la troisième en 2024 ; groupement Bouygues Travaux publics Région France (mandataire) avec Colas Rhône-Alpes Auvergne pour la deuxième tranche en 2021. Coût total des travaux : 60 M€ HT.