Tunnel de Gibraltar : Herrenknecht va étudier la faisabilité de l’ouvrage

Evoqué depuis plus de 40 ans par l’Espagne et le Maroc, le projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar refait surface avec l’attribution d’une étude de faisabilité au spécialiste allemand du tunnelier.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Le tunnel envisagé relierait Tarifa (Espagne), au premier plan, à la baie de Tanger (Maroc) en passant sous le détroit de Gibraltar.

Le projet de tunnel ferroviaire entre l’Espagne et le Maroc en passant sous le détroit de Gibraltar réapparaît : selon le quotidien El País, le gouvernement de Madrid a lancé une nouvelle étude de faisabilité du projet confiée à la filiale espagnole du constructeur de tunneliers allemand Herrenknecht. Le terme de « serpent de mer » n’est pas usurpé pour décrire ce projet évoqué pour la première fois en 1979 lors d’une rencontre entre le souverain espagnol Juan Carlos et son homologue marocain Hassan II. Deux sociétés publiques, la Secegsa en Espagne et la Sned au Maroc avaient alors été mises sur pied pour évaluer sa faisabilité.

475 m de profondeur

Leurs travaux – études, forages, sondages – ont permis, à la fin des années 90, de préciser le projet : deux tunnels et une galerie de service creusés sous le plancher sous-marin, à l’instar du tunnel sous la Manche, entre Punta Paloma, près de Tarifa (Espagne), et Malabata, dans la baie de Tanger (Maroc), soit un ouvrage de 38,5 km de long et d’une profondeur maximale de 475 m. Mais les défis techniques sont innombrables car le détroit de Gibraltar est situé à l’interface entre les plaques tectoniques européenne et africaine, une zone instable et géologiquement complexe qui rendrait le projet extrêmement coûteux, posant la question de son équilibre économique. Si la facture n'a jamais été officiellement évaluée, une étude publiée voici 30 ans évoquait un montant de 13 milliards d'euros. 

Désengorger le détroit

Les relations diplomatiques houleuses entre les deux pays n’ont pas facilité l’avancement du projet. Elles se sont toutefois normalisées en 2022 lorsque Madrid a finalement pris le parti de Rabat dans le conflit autour du territoire disputé du Sahara occidental, ce qui a permis de relancer plusieurs projets communs dont le tunnel de Gibraltar. Si celui-ci devait aboutir, il permettrait le transit de 13 millions de tonnes de marchandises et 12,8 millions de passagers par an, libérant le détroit aujourd’hui engorgé par le passage de 100 000 navires chaque année. Mais les difficultés techniques et le coût vraisemblablement pharaonique de cet ouvrage rendent sa réalisation encore peu probable.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !