« A la différence du bâtiment, les travaux publics sont assez peu producteurs de déchets » , déclare Daniel Aucouturier, secrétaire général de la Fédération nationale des travaux publics. « En revanche, ils sont à l'origine d'un type de pollution très particulier lié au paysage. Car leur activité les conduit à remuer énormément de terre et matériaux naturels par définition inertes. C'est donc plus sur le plan visuel qu'ils embarrassent le paysage. »
Autres types de pollution engendrés par les TP, ceux dus aux engins de chantier : créations d'ornières et dépôt des résidus (huiles de vidange...). « S'il faut quelques secondes pour créer une ornière, poursuit Daniel Aucouturier, il faut plusieurs dizaines d'années pour la combler. Dans ce cas, la réponse est apportée par une bonne gestion du chantier. Mais il ne faut pas rêver, les travaux ne peuvent pas être exécutés pendant les seules saisons sèches. » Quant aux vidanges des engins et à la récupération des huiles, il s'agit surtout d'une question de sensibilisation et de formation des personnels. Si chaque responsable des 100 000 engins de chantier qui manoeuvrent en France est formé à leur récupération, ce qu'a entrepris la FNTP depuis plusieurs années, le problème sera résolu.
En revanche, les travaux publics ne génèrent aucun rebut de type emballage. Bien au contraire, ils utilisent beaucoup de matériaux rejetés (y compris des pneus), dans les remblais. Ou bien encore, dans certains cas, ils exploitent directement les déchets produits : comme les routières qui intègrent sur place les gravats issus de la démolition des voies rénovées ou refaites. Une pratique généralisée qui comporte plusieurs possibilités (voir ci-contre).
« Mais, souligne Daniel Aucouturier, le réemploi de matériaux de rebut dans les travaux neufs se heurte à deux difficultés. La première est d'ordre culturel, les maîtres d'ouvrage rechignant à faire construire des ouvrages avec des matériaux d'occasion. La seconde est d'ordre économique, utiliser des matériaux recyclés augmentant le coût des réalisations d'environ 25 %. Pour que ces pratiques puissent devenir rentables, il faudrait que le marché se développe bien au-delà de ses dimensions actuelles. Pensez qu'il existe des centres de retraitement qui ne fonctionnent pas faute d'alimentation en déchets ! »