Transports publics : sous le ciel du Grand Paris roule un métro

La gare de Villejuif-Gustave-Roussy a partiellement ouvert le 18 janvier. Les voyageurs y évoluent en plein air mais à l'abri, et dans la lumière.

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Avec son parapluie en ETFE, le cylindre est éclairé naturellement et reste en plein air.

Spectaculaire, Villejuif-Gustave-Roussy ne pouvait que l'être. Partiellement mise en service le 18 janvier, elle est l'une des gares les plus ambitieuses parmi les 68 du futur métro automatique Grand Paris Express (GPE). En desservant le centre de cancérologie Gustave-Roussy, elle s'ouvre sur le point culminant du Val-de-Marne… et doit par conséquent remonter depuis le tunnel de la future ligne 15 sud, situé 50 m plus bas. Elle décroche là le titre de deuxième gare la plus profonde du réseau dont la Société des grands projets (SGP, ex-Société du Grand Paris) mène la réalisation.

Promise à une fréquentation, à terme, de 100 000 personnes par jour, Villejuif-Gustave-Roussy fait aussi partie des quelques gares d'interconnexion de ce nouveau périphérique sur rail. En attendant de devenir, en 2026, un point central de la liaison Pont-de-Sèvres - Noisy-Champs, elle accueille donc déjà les passagers de la ligne 14 de la RATP, récemment prolongée jusqu'à l'aéroport d'Orly. Chargé d'ordonner, et même d'apaiser, ce lieu complexe, son concepteur, l'architecte Dominique Perrault, s'est saisi de l'opportunité pour démontrer ici un principe qu'il défend de longue date : « la ville peut se prolonger dans le “dessous” de manière naturelle. »

« Alléger la charge mentale ». « Spectaculaire » n'est cependant pas le mot qu'utiliserait Pierre-Emmanuel Becherand, le responsable de l'architecture à la SGP. « Cela n'a jamais été notre philosophie de travail », dit-il. Si les 68 stations du GPE auront chacune leur identité, il rappelle qu'elles doivent respecter les mêmes priorités : « La charte, établie dès 2011 par l'architecte Jacques Ferrier, insistait notamment sur la fluidité des parcours pour alléger la charge mentale des voyageurs. Construire des gares “pieuvres” était exclu. Il fallait aussi éviter l'accumulation d'effets ou de matières et tenir jusqu'au bout l'ambiance des espaces. Enfin, si possible, un apport en lumière naturelle était préconisé. »

A Villejuif, Dominique Perrault a poussé les curseurs. L'architecte a imaginé un grand cylindre de 50 m de hauteur, un volume unique dans lequel toutes les fonctions s'enroulent : les services techniques dans des galeries périphériques, les usages publics dans le vide central de 30 m de diamètre. Même si, dans cet espace, 32 escaliers mécaniques se croisent et s'intercalent avec le tunnel de la ligne 14, qui traverse le fût de part en part dans un pont-cadre suspendu, le voyageur sait, d'un coup d'œil, où il veut aller et comment trouver son juste chemin.

Réinventer la « roue de vélo ». Au plus profond du cylindre, l'usager peut compter sur la lumière naturelle pour se guider. En effet, à la surface du sol, la gare apparaît comme un pavillon modeste, mais elle est avant tout un toit, transparent en son centre. « L'agence d'ingénierie T/E/S/S a mis au point cette “roue de vélo”, avec son moyeu et ses rayons. Sa couverture est une simple membrane en ETFE », explique Dominique Perrault. Comme un parapluie, elle abrite des intempéries mais laisse l'air passer librement. « Aucun dispositif de désenfumage n'a donc été nécessaire », tient à préciser l'architecte.

L'aménagement tient, lui, à l'usage quasi exclusif du métal. Là où l'impressionnante structure de génie civil en béton n'est pas apparente, les surfaces sont couvertes d'acier inox. Les tôles sont soit brillantes, soit perforées pour les besoins de l'acoustique. En partie haute, le fût est habillé de la maille à larges points, cette fois en aluminium, chère à Dominique Perrault.

« Tout le travail architectural mené ici visait à s'affranchir de la sensation de poids », assure celui-ci. L'ambiance pourra sembler éblouissante sur papier glacé ; dans la réalité, l'effet est plus doux. Il n'empêche, Villejuif-Gustave-Roussy est bien un spectacle. Pierre-Emmanuel Becherand l'admet en définitive : « Cette gare évoque à la fois Piranèse, Jules Verne et le film “2001, l'Odyssée de l'espace” de Stanley Kubrick. »

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Société des grands projets.

Maîtrise d'œuvre ingénierie : Setec. AMO : Artemis (groupement Artelia, Arcadis, BG).

Maîtrise d'œuvre architecture : Dominique Perrault Architecture. BET : Setec TPI (ingénierie civile), Setec Bâtiment (ingénierie bâtiment), Ingérop (coordinations, interfaces), T/E/S/S (structure spéciale, façades, couverture ETFE), Axio (économie), Jean-Paul Lamoureux (acoustique et photométrique), Denis Thélot (sécurité incendie et accessibilité).

Entreprises : Vinci Construction (mandataire du groupement génie civil), Bouygues Bâtiment Ile-de-France (mandataire équipements techniques et publics).

Marché des équipements techniques et publics : 82 M€ HT (chiffres 2021).

Surface : 15 364 m². Volume : 203 771 m3 .

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