Jean-Michel Tognetti, président du groupe vauclusien MGH (Mirbat Groupe holding), spécialiste de l’isolation acoustique et thermique des bâtiments par polyuréthane projeté grâce à ses deux filiales Syneris et Oseo, voulait être son propre maître. Cette envie de ne plus dépendre des fournisseurs de composants l’a conduit à créer à Noves, dans les Bouches-du-Rhône à quelques kilomètres d’Avignon, TPF Industrie relançant ainsi une activité disparue en France depuis les années 1990.

Jean-Michel Tognetti, à droite au premier plan, est président de TPF Industrie et du groupe familial Mirbat. © CW.
Un an après la mise en route de la nouvelle filiale, Jean-Michel Tognetti, et sa sœur Joëlle, directrice générale du groupe familial créé par leur père Jean-Pierre, ont organisé, ce 28 juin, des portes ouvertes pour faire la démonstration du savoir-faire de TPF Industrie dans la formulation des polyols, élément essentiel pour réaliser l’isolation intérieure et extérieure en polyuréthane projeté.
Sept salariés (trois en production, trois au laboratoire et un commercial) exploitent depuis un an l’usine de 1 000 m2 en proposant des formulations sur mesure répondant aux besoins des clients applicateurs. Après un investissement de 3,5 millions d’euros, le site est aujourd’hui pleinement opérationnel.
Capacité de 25 000 tonnes
Dans son usine totalement automatisée, pourvue de cuves d’une capacité de stockage de 250 tonnes correspondant à deux semaines de production, TPF Industrie formule en interne 125 tonnes de polyols par semaine. « Fin 2021, nous en aurons produit 6 000 tonnes. Nous avons de la marge de progression car l’usine a une capacité de 25 000 tonnes. D’ici à 2024, nous devrions nous substituer peu à peu aux solutions traditionnelles en rouleaux ou en plaques avec une part de 20 % dans le marché des isolants en France », affirme Jean-Michel Tognetti.

Le groupe MGH a investi 3,5 millions dans un nouvel outil de production qui lui permet de formuler, de fabriquer et stocker des polyols. © C.W.
TPF Industrie, qui affiche un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros (26 millions d’euros pour MGH), est leader en France de l’isolation projetée en France (soit 50 % de part de marché). Ses dirigeants tablent sur une montée en puissance de ce procédé qui représente aujourd’hui 10 à 15 % des isolants de sols en France. A plus long terme, ils espèrent également se développer à l’export (2 % du chiffre d’affaires aujourd’hui).
Gaz à effet de serre
Outre le développement de solutions à façon pour ses clients, telle la mise au point d’un polyuréthane coulé à cellules fermées à la demande de son client Thermimur qui met au point un bloc béton isolé, TPF Industrie s’attache à limiter son impact sur l’environnement. Ses ingénieurs du laboratoire R&D développent actuellement des formules ne générant quasiment pas de gaz à effet de serre lors de la mise en œuvre. « Les polyols utilisés pour le polyuréthane à cellules fermées sont désormais expansés avec un agent gonflant au HFO [hydrofluoroléfines, NDLR] cela en substitution du HFC [hydrofluorocarbures, NDLR]. Nous avons anticipé sur la réglementation européenne qui interdit l’usage du HFC à partir de 2023 », explique Rodolphe Bagot, responsable de l’usine et développement produit.
L’autre axe de développement est la fabrication de polyols à partir d’isolants recyclés issus de chantiers afin d’améliorer le cycle de vie des produits. Cela implique pour TPF Industrie de réfléchir à la logistique car l’objectif est de créer une filière complète de la collecte des déchets à leur recyclage.
Polyols biosourcés
TPF Industrie ne va pas en rester là. Si la R&D s’avère probante, mi-2023, la TPE mettra sur le marché des polyols biosourcés formulés avec une part de 90 % d’huiles végétales (ricin, cardanol, colza) et aura une usine sœur mise en service en 2022 avec cinq salariés. Le foncier, situé dans le Vaucluse à quelques kilomètres de Noves, et le montant de l’investissement estimé à 2 millions d’euros sont déjà connus. « Avec l’aide du Docteur Sylvain Caillol, chercheur au CNRS à Montpellier, notre laboratoire a mis au point un produit en phase de test actuellement. Nous nous donnons jusqu’à la fin de l’année pour valider le projet », déclare le président de TPF Industrie.
Le projet a déjà suscité l’intérêt de BPI France qui s’est engagée à prêter 1 million d’euros. Une aide qui suit celle déjà accordée par la banque et le French FAB qui ont apporté un soutien financier de 700 000 euros pour construire la première usine.