Ville immobile contre urbanisme brutal: l'éventualité d'un retour des tours à Paris a enflammé lundi les élus de la capitale, même si, de négociations secrètes en pourparlers compliqués, le débat municipal sur ce sujet a dû être différé à mardi.
Les Verts ont mis le feu aux poudres en demandant, dans un voeu, le maintien, dans les futurs documents d'urbanisme parisiens, de la limite de 37 mètres de haut imposée en 1975 aux édifices nouveaux.
Le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, avait pourtant rouvert avec beaucoup de prudence ce chapitre tabou, dans une ville traumatisée par les destructions de son paysage faubourien dans les années 60, les petites maisons - parfois délabrées - ayant dû faire place à des tours et barres: quartier des Olympiades dans le XIIIème, Front de Seine et ses 22 tours dans le XVème, Curial-Cambrai dans le XIXème.
Assurant n'avoir rien décidé, le maire PS de Paris s'est contenté de réclamer le droit de débattre de cette question: "Est-ce qu'on va se figer dans l'urbanisme des années soixante ?", a-t-il à nouveau demandé lundi. "Les grands artistes, Renzo Piano, Franck Gehry, Norman Foster créent partout, sauf à Paris. Ils n'ont pas le droit !", a regretté le maire.
M. Delanoë souligne par ailleurs que le patrimoine est son ardente préoccupation et qu'il prépare une réglementation qui lui assurera "une protection sans précédent".
Ces propos ne suffisent pas à rassurer ses alliés Verts, qui ont jugé "inacceptable" le retour à un urbanisme vertical.
Les 24 élus écologistes avaient donc préparé un voeu demandant que le Plan Local d'Urbanisme (qui devrait être mis en place début 2005) respecte "la servitude existante de limitation du vélum parisien à 37 mètres".