Vu de l’extérieur, le futur bâtiment a presque des allures de studio de cinéma. Cubique et discret, avec ses toits plats, il est parfaitement intégré dans l’environnement, bien que posé sur un piédestal naturel et donc très visible, à l’entrée de l’hôpital Purpan à Toulouse (Haute-Garonne). Il faut dire que situé, comme l’ensemble du site hospitalier, dans une zone protégée par les Architectes des bâtiments de France (ABF), le projet a bénéficié d’un œil architectural intransigeant. « Les ABF nous ont prévenu d’emblée, ce projet ne devrait pas être un simple assemblage de containers comme sur le port du Havre », résume Nicolas Merot de l’agence d’architectes DRMN, associé au projet. « J’ai donc été l’aiguillon venu perturber la démarche très technique de Cegelec avec une vision plus urbaine et architecturale. » Pas de toit donc, une forme bâtie en « L » pour ce bâtiment de 454 m2 constitué de dix containers maritimes. Si l’enveloppe industrielle est respectée, « les façades seront repeintes en beige bronze correspondant au RAL 2019, des profilés thermolaqués ceintureront le bâtiment et des claustras seront ajoutés pour créer un jeu de pleins et de vides », détaille l’architecte toulousain.
Recréer les sensations d’une catastrophe
A l’intérieur, l’ambiance sera tout autre. Avec ce projet, le CHU toulousain souhaite en effet permettre aux médecins urgentistes de s’entraîner, en reproduisant les conditions environnementales sensorielles et émotionnelles ressenties sur des théâtres de catastrophes : tremblements de terre, attaques chimiques, attentats, etc. « Dans ce que nous appelons le dôme, un espace de 4,50 mètres de haut, nous aménageons une structure immersive qui permettra la projection d’images pour recréer des situations de stress, avec des variations de températures possibles de -5 à +30 degrés, mais aussi des sensations olfactives, odeurs de sang, cheveux brûlés, produits chimiques… », décrivent Frédéric Tribet et Axelle Gourgues porteurs du projet pour Cegelec Défense. Ce dôme pourra être divisé en quatre espaces distincts pour imaginer des scénarios différents et reproduire des conditions climatiques variées : brouillard, nuit, et même de la pluie grâce à un système de récupération d’eau par des canalisations intérieures… Le tout, supervisé depuis un centre de contrôle en hauteur pour débriefer ensuite les séances de formation.
Techniquement, les containers seront pré-équipés et pré-câblés sur le site toulousain de Cegelec Défense avant d’être assemblés puis finalisés sur le site du CHU. Le tout nécessite un investissement global de 3,5 millions d’euros et voit le jour grâce à un appel à projets européen. Présenté il y a quelques jours à l’occasion de SantExpo comme un projet unique au monde, le futur équipement a attiré l’attention de plusieurs équipes médicales internationales. A Toulouse, il sera opérationnel en décembre 2023.
Le projet simulé en vidéo :
© Cegelec Défense/DRMN/Slow Visual
