Il y eut Edo, l’ancienne capitale shogunale, devenue Tokyo en 1868. Avec l’ère Meiji (1868-1912), la ville se modernise. Et c’est à l’ère Taishô (1912-1926), le 1er septembre 1923 à 11h58, que le Grand tremblement de terre du Kantô détruit près de la moitié de la ville, faisant plus de 100 000 morts… La reconstruction qui s’ensuit verra la création de routes, de réseaux ferrés, de voies fluviales, de parcs, etc. La capitale se métamorphose alors en une cité de béton, de verre et d’acier.
Au travers d’une centaine d’œuvres issues des collections de l’Edo-Tokyo Museum, le parcours imaginé par les commissaires de l’exposition - Koyama Shûko, conservatrice ; et Nitta Tarô, conservateur au Tokyo Metropolitan Edo-Tokyo Museum - est séquencé en quatre thématiques qui font dialoguer des estampes modernes avec des affiches, photographies, accessoires de mode et cartes, comme autant de reflets de l’évolution de Tokyo.
«Paysages de ruines»
L’exposition s’ouvre sur des vues de sites célèbres de la ville à la fin du XIXe siècle, par Kobayashi Kiyochika, des œuvres d’avant le Grand tremblement de terre… L’après séisme fait l’objet d’une deuxième section, volontiers dramatique, avec la série «Paysages de ruines» de Hiratsuka Un.ichi, et son cortège de photos, d’objets, etc. qui attestent de la violence de la catastrophe. Une troisième salle fait la part belle à la reconstruction de la capitale qui métamorphose Tokyo en une ville résolument moderne. Au-delà de ces transformations, la capitale s’agrandit en 1932 pour former une vaste conurbation, le Grand Tokyo, en absorbant les villes et villages environnants. Elle compte alors 35 arrondissements. Les séries «Douze vues du Grand Tokyo» de Fujimori Shizuo et les «Cent vues du Grand Tokyo à l’ère Shôwa (1926-1989)» de Koizumi Kishio, témoignent de la nouvelle ampleur et de l’étendue de la capitale.
Enfin, un dernier chapitre met en exergue l’émergence de la société de consommation et de plaisir dans «la ville tentaculaire». Tokyo accueille désormais des grands magasins à la manière occidentale, des lieux de divertissement, cafés et autres salles de spectacle «à la mode». Les quartiers de Ginza, d’Asakusa et de Shinjuku donnent le «la» à une culture urbaine qu’affectionne la jeunesse tokyoïte. Autant de thèmes qui inspirent les graveurs de cette période. Un «épilogue» vient clore le parcours, dédié aux estampes d’après-guerre, qui tissent le lien avec le Tokyo actuel, brouillon, chaotique, bouillonnant, mais tellement attachant...
«Tokyo, naissance d'une ville moderne». Estampes des années 1920-1930 du Edo-Tokyo Museum, du 6 novembre 2024 au 1er février 2025 à la Maison de la culture du Japon à Paris (MCJP). | Le catalogue de la manifestation est à retrouver ici.