Les accusations des autorités russes concernant des fautes ou des retards dans le projet d'extension du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sont "grotesques", a affirmé mardi l'architecte français Dominique Perrault, dont le contrat a été rompu à la mi-janvier par la Russie.
"Il y a trop d'accusations pour que cela soit honnête. C'est grotesque", a indiqué l'architecte à l'AFP, en ajoutant "qu'il n'est pas possible qu'au bout de trois ans de travail commun, avec tous les organismes, avec un client d'Etat, il y ait des erreurs grossières qui subsistent dans le dossier".
Lauréat en 2003 du concours international pour l'extension du célèbre théâtre, l'architecte a vu son contrat rompu par les autorités russes qui ont émis des doutes sur la stabilité du futur bâtiment, noté des insuffisances, des "fautes arithmétiques dans le devis" et des retards dans la construction.
Dans un communiqué, l'architecte - auteur de la Bibliothèque nationale de France - a affirmé avoir "pendant trois ans, réalisé les études détaillées du projet architectural, suivant scrupuleusement les délais prévus par le contrat".
Ces études, "conformes au programme établi par la direction du théâtre (...), ont été validées par les services administratifs et techniques de la ville de Saint-Pétersbourg et les ministères concernés", ajoute le communiqué, selon lequel il est "évident que cette rupture de contrat permet d'introduire dans le réseau russe le fruit d'un travail élaboré par une équipe internationale rassemblant Allemands, Japonais, Américains, Français et Russes".
Les choses sont désormais "claires, tristement claires", a ajouté M. Perrault, notre collaboration "s'arrête à une étape, celle du projet". Il n'y avait pas "nécessité de brutalités, d'insultes ou d'accusations mensongères pour rompre un contrat qu'il n'est pas nécessaire de rompre", a-t-il dit, car l'exécution va être confiée à un maître d'oeuvre russe, une procédure normale à l'international.
Mais cette fois-ci, a-t-il ajouté, les travaux seront menés sans le droit de regard de l'architecte qui, normalement, garde son rôle de directeur du projet.
Les "Russes pensent qu'ils ont des études suffisamment élaborées pour faire route tout seuls. C'est là qu'il y a rupture culturelle, de travail commun entre un client et un architecte".
Cela "montre une inexpérience de la maîtrise d'ouvrage publique russe qui n'a pas mesuré la nécessité, l'importance et l'utilité que le concepteur accompagne le projet jusqu'à son terme", a-t-il dit.
Dominique Perrault a annoncé son intention de publier avant l'été un ouvrage détaillant le travail effectué pour que "cette référence existe, que le dossier soit connu et que la responsabilité soit claire".
Evoquant la "proposition polie et vague" des autorités russes de poursuivre la supervision de la construction "en tant qu'auteur", M. Perrault a indiqué qu'il ne souhaitait accompagner le projet qu'avec un "vrai rôle de direction et le pouvoir de l'exercer".
AFP