Le centre commercial de la Part-Dieu est de ces galeries marchandes géantes dont les Trente Glorieuses avaient le secret. Cette concentration de magasins s'est posée en 1975 dans le quartier d'affaires de Lyon (Rhône) alors en développement. Aujourd'hui, à l'issue d'un vaste chantier de rénovation et d'extension mené de 2017 à 2022, ce centre d'Unibail-Rodamco- Westfield (URW) est le plus grand de France avec 161 000 m² de surface commerciale. Mais, alors que le quartier alentour est en pleine réadaptation urbaine sous la houlette des urbanistes de l'AUC, cette expansion ne pouvait suffire à rafraîchir l'image du complexe.
Enserré depuis sa conception par l'architecte Régis Zeller dans un habillage de béton à motif de carrés entrelacés, il était, pour parler poliment, assez vieillot. Pourtant, l'agence néerlandaise MVRDV, en charge du concept architectural de cette transformation depuis le concours international organisé en 2013, n'a pas choisi de débarrasser le site de cette enveloppe. Elle a non seulement conservé et ravivé le dessin historique, mais l'a fait proliférer sur la quasi-intégralité de la surface extérieure. « Cette proposition avait le mérite essentiel de ne pas faire disparaître cette façade qui, si elle était décriée, était aussi très spécifique et connue des Lyonnais. Ainsi, une continuité a été assurée avec les extensions neuves », souligne Alexis Dubois, directeur du développement d'URW pour la région Sud Europe.

Plaques de dentelle. Dans le même temps, le chantier a consisté à ouvrir de grandes lucarnes vitrées pour apporter de la lumière naturelle dans le centre commercial. MVRDV a donc mis au point des variantes du motif afin de pouvoir le déployer quel que soit le type de façade. « Pour commencer, nous avons conservé au maximum les panneaux de béton existants », note l'architecte Nicolas Land, directeur de MVRDV France. A ces éléments pleins de 30 cm d'épaisseur, installés en rives de façade, sont venus s'ajouter de nouveaux panneaux, pleins également mais beaucoup plus légers puisque, réalisés en BFUP, ils ne sont épais que de 8,5 cm. Des plaques de dentelle du même matériau totalement ajourées ont, elles, été accrochées notamment devant des installations techniques tels que les panneaux de désenfumage.

« Nous avons aussi développé le motif sur les façades vitrées en “l'évaporant” plus ou moins », poursuit Marion Rabec, l'architecte cheffe de projet. Pour parvenir à cet effet de dissémination des carrés blancs, des panneaux alternant pleins et vides ont été fabriqués en BFUP. « Les éléments isolés qui ponctuent les vitrages sont en polyester et ont été, soit vissés aux montants métalliques, soit collés à même le verre. Ces dispositifs ont nécessité un Atex », poursuit Marion Rabec. Dans les cas des motifs collés, un fin câble métallique les relie aux autres pièces du puzzle pour éviter tout risque de chute.
Alors que la façade d'origine arborait un beige saumoné sale, l'intégralité de la « nappe à carreaux », nouvelle ou ancienne, en béton, BFUP ou polyester, doit désormais présenter la même teinte, à savoir le « RAL 9016, c'est-à-dire un blanc pas complètement immaculé ni trop réfléchissant », définit la cheffe de projet. L'uniformité de l'ensemble est garantie par différentes lasures. D'ailleurs, un chantier est en cours pour refaire ces lasures sur une zone où la couleur souhaitée n'était pas absolument parfaite.