Dans tous les sens du terme, l'Ehpad de Valdoie (Territoire de Belfort) se reconstruit : pour quitter des bâtiments vieillissants et tourner la page des drames du Covid. Sa nouvelle gestionnaire, l'association Les Bons Enfants, émanation de la Fondation Claude-Pompidou, a missionné l'architecte local Jean-Claude Luthy pour dessiner un bâtiment source d'apaisement. « Les surfaces construites se concentrent sur une emprise de 3 40O m2 , soit moins d'un quart de la parcelle d'1,5 ha, ce qui libère la place pour 8 00O m2 d'espaces végétalisés et arborés, et permet la séparation claire des zones d'accès respectives pour les visiteurs et les usages internes (personnel, livraisons…), le tout à distance respectable des limites de terrain, et donc des riverains », souligne le maître d'œuvre. Celui-ci est assisté des bureaux d'études Cetec (structure), Enebat (énergie) et Bege (économiste).
Le bâtiment, en structure béton (gros œuvre : Albizzati Père & Fils) se déploie en R + 2, les deux niveaux supérieurs, qui logeront les 117 chambres de 24 m2 chacune, étant conçus pour regrouper toutes les fonctions et activités nécessaires à la vie des résidents. Il sera revêtu d'une isolation thermique par l'extérieur en polystyrène avec un enduit à finition organique et sera coiffé de toitures en partie végétalisées couvertes par 720 panneaux solaires d'une puissance de 250 kWc.
26 sondes géothermiques verticales. Les travaux, entamés début 2023 pour se terminer fin 2024, représentent un montant de 17,5 M€ HT. Parmi les 34 lots, celui des forages par DrillHeat (groupe Arverne) apporte à l'Ehpad sa solution de chauffage : 26 sondes géothermiques verticales couplées à deux pompes à chaleur (PAC). L'échange thermique suit un circuit en forme de « double U ». Chaque sonde, composée de quatre tubes en polyéthylène haute densité de 40 mm de diamètre, fait faire l'aller-retour entre la surface et le sous-sol à l'eau additionnée de glycol pour l'acheminer vers deux PAC de 260 kW chacune. Celles-ci assureront les besoins de chaud ou de froid de l'établissement en fonction de la température extérieure. Leur coefficient de performance énergétique atteint 5,9.
« La composition géologique du terrain nous amène à effectuer une première étape de forage et tubage simultané “à l'avancement” afin de franchir la couche de grès sur 18 mètres de profondeur. Puis un forage rotatif, plus classique, progresse dans le schiste jusqu'au point bas de - 190 mètres », décrit Christophe Luttmann, directeur commercial de DrillHeat. Ces 26 sondes sont mises en œuvre par les foreuses des fabricants Somac et Comacchio. D'après la comparaison effectuée par Enebat sur la base des tarifs du gaz en novembre 2022 (soit 126 euros par MWh), l'investissement de départ de ce système de géothermie (1,04 M€, dont 26 % de subvention de l'Ademe) dépasse de plus du double celui d'une solution de chauffage au gaz, mais le coût d'exploitation est lui-même deux fois et demie moins élevé, procurant « un retour sur investissement de moins de dix ans », se réjouit Christophe Luttmann.
