Dans les jardins de Versailles, des remblais à cheval sur le respect

De spectaculaires déplacements de terre transformeront le parc du château de Louis XIV en écrin pour les épreuves olympiques d'équitation.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
En tribune, 15 000 spectateurs assisteront à un spectacle équestre royal avec le château en perspective.

En ce début de mois de janvier, le silence règne dans les jardins du château de Versailles. Les lieux se préparent pourtant à accueillir un événement mondial : les sabots de plus de 300 chevaux fouleront l'été prochain le sol du chef-d'œuvre d'André Le Nôtre lors des épreuves d'équitation des Jeux olympiques et paralympiques. Dans ce domaine verdoyant de 800 ha, deux équipements phares sont en passe d'être créés : « une carrière dédiée aux épreuves de sauts d'obstacles et de dressage au niveau de l'Etoile royale, à l'extrémité ouest du parc et une piste de cross de 5 km qui longera le Grand Canal et le traversera même par endroits grâce à deux pontons flottants », indique Raphaël Gastebois, architecte urbaniste de l'Etat chargé de la conservation architecturale au sein de la direction du patrimoine et des jardins. « L'objectif est de proposer des aménagements éphémères, réalisés avec le moins d'impact possible sur le site afin de le restituer, encore plus beau, dès le début de l'année prochaine », poursuit-il.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 3663_189481_k2_k1_455138.jpg PHOTO - 3663_189481_k2_k1_455138.jpg

Le chantier a en effet vocation à accélérer les travaux d'embellissement patrimonial et environnemental du parc. Le morceau de bravoure consiste à aplanir un espace de 10 000 m² au niveau de l'Etoile royale, en vis-à-vis du château, pour pouvoir y installer aussi bien la carrière que les tribunes en « U » qui accueilleront 15 000 spectateurs. Ces opérations sont soumises à un impératif majeur, comme l'explique l'architecte : « Aucune terre ne doit sortir du parc, ni être amenée de l'extérieur. Une condition sine qua non pour préserver la flore existante et éviter tout risque d'importation d'espèces invasives. »

 

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 3663_189481_k3_k1_455149.jpg PHOTO - 3663_189481_k3_k1_455149.jpg

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 3663_189481_k5_k1_455152.jpg PHOTO - 3663_189481_k5_k1_455152.jpg

%

Des géomembranes sous le sable. Depuis septembre dernier, les ouvriers ont ainsi égalisé la pente du terrain sur une vaste surface. Bouteurs et excavatrices ont déblayé jusqu'à 1,30 m, avant de remblayer par ailleurs. De la même manière, le sable, loué le temps des épreuves pour réaliser les carrières équestres, est disposé sur des géomembranes plutôt qu'à même le sol enherbé, afin d'éviter toute modification de celui-ci. Bien que colossal, ce chantier se déroule dans le plus grand respect des lieux. « Les travaux sont menés sous la surveillance des archéologues, précise Raphaël Gastebois. Les fouilles nous ont d'ailleurs permis d'en savoir davantage sur le système de drainage servant à irriguer le Grand Canal, qui utilisait de la terre glaise. » Les mêmes principes de préservation sont utilisés pour l'aménagement de la piste de cross et de ses obstacles, autour desquels pourront se mouvoir 40 000 spectateurs. « Parmi les trois gués qui seront créés [des obstacles en eau, NDLR], celui de la Ménagerie à l'extrémité sud du Grand Canal mettra à profit le bassin existant, de 50 m de diamètre et quelques centimètres de profondeur, pour faire passer les chevaux, tandis que les emmarchements serviront d'amphithéâtre naturel aux amateurs de sports équestres », détaille l'architecte. Les déblais nécessaires à la création de deux autres gués serviront pour partie de remblai à la création de buttes de près de 2 m de hauteur, toujours sur la piste de cross.

%MEDIA:2416620%%

Des arbres bien protégés. Au total, 14 000 m3 de terres auront été déplacés ou entreposés avant d'être remis en place à l'issue des Jeux. La piste en elle-même a fait l'objet d'un enrichissement du sol et de tontes régulières depuis 2021, afin d'être parfaitement adaptée aux sabots des montures. Ce choix permet de conserver les sols en place. Quant aux arbres qui bordent la piste, ils ont été taillés et protégés en conséquence. « Seuls certains platanes en fin de vie ont été remplacés par des marronniers afin de retrouver l'esthétique des jardins selon les dessins du XVIIIe siècle », précise Raphaël Gastebois. Une transformation suivie d'une remise en beauté à plusieurs millions d'euros : le prix du prestige de Versailles.

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Paris 2024.

Maîtrise d'œuvre : GL Events Equestrian Sport.

Entreprise principale : Normandie Drainage

Montant des travaux : NC.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !