C'est à Puylaurens (Tarn), en contrebas de l'actuelle route nationale 126, qu'Atosca, filiale de NGE et concessionnaire de la future A69, a installé sa base vie. L'endroit est dis cret mais bien gardé. A peine quelques dizaines d'Algeco, dans lesquels s'affairent les équipes, sur ce chantier devenu l'un des plus controversés de France. « Après 500 réunions de concertation qui ont rassemblé un millier de riverains, nous aurions souhaité que cela ne prenne pas une telle résonance nationale. Mais soyons honnêtes, nous ne les avons pas convaincus », regrette Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca.
Déclaré d'utilité publique en juillet 2018, le projet d'autoroute qui doit relier Toulouse à Castres en 53 km, a fait l'objet de plusieurs recours juridiques, tous rejetés à ce jour. Le dernier en date concernait une requête en référé-suspension contre l'abattage de 200 arbres remarquables. A ce jour, un seul recours reste à juger sur le fond - sans doute pas avant 2025. Il concerne l'annulation des autorisations environnementales. Et 2025 est aussi la date annoncée pour la mise en service de l'autoroute.
« Nous avons déjà dépensé 40 % du budget [450 M€, NDLR] et respectons complètement le calendrier pour la livraison. Quarante chantiers sont en cours, le terrassement a démarré pour la moitié des terrains concernés et 100 des 200 ouvra ges d'art sont en cours de préfabrication… Bref, l'autoroute avance », énumère le concessionnaire. Après la grève de la faim d'un opposant, un blocage et une tentative d'installation d'une zone à défendre (ZAD) délogée au bout de 24 heures, les travaux ont officiellement repris le 23 octobre dernier.
Renaturation et préfabrication. Face aux critiques, Atosca revendique des efforts importants en termes de compensations environnementales. « Nous avons poussé le curseur au maximum et l'artificialisation nette du projet ne sera que de 100 ha, compensée par la renaturation des talus en bord de route - que nous appelons les dépendances vertes -, une réduction de la largeur des chaussées, la renaturation de 20 ha de zones humides impactées avec un coefficient de 2,5, soit 55 ha… » égrène Martial Gerlinger. L'effort serait aussi considérable pour compenser l'abattage des arbres situés directement sur le tracé de l'A69 : si 260 ont été supprimés, 520 seront replantés. Par ailleurs, 25 ha de reboisement sont prévus à la place des 10 hectares impactés par le chantier.
Atosca mise aussi sur la préfabrication. « Ce sera le cas des tabliers et des poutres des 57 ouvrages d'art de plus de 3 m d'ouverture. Et pour les parties coulées sur place, comme les semelles, nous utilisons du ciment bas carbone CEM III qui permettra d'économiser 2 650 t de CO2 », indique Nicolas Quéré, directeur de travaux chez NGE Génie civil. L'ouvrage le plus emblématique sera un viaduc d'une portée de 144 m qui franchira l'Agout à Castres et reposera sur une seule pile pour limiter l'impact sur l'environnement.