Vous pensez que l'arrêté publié le premier septembre va enterrer le développement d'une filière photovoltaïque en France. Pourquoi ?
Jusqu'au premier septembre, date de publication du nouvel arrêté fixant les tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque, le tarif était figé au moment de la demande de raccordement. Aujourd'hui, avec l'article 3, seul le coefficient de dégression sera bloqué lors de la demande. Le tarif ne le sera qu'au moment du contrat d'achat. Sachant qu'entre les deux le délai administratif est couramment de deux ans, il y de grandes chances, avec le rythme actuel de publication d'arrêtés, que le tarif ne soit plus le même.
En tout cas, les financeurs ne voudront pas apporter des capitaux sans connaître le tarif de rachat dont bénéficiera le projet et donc le temps de retour sur investissement. Seuls les très gros comme EDF pourront se permettre de prendre ce risque.
Pour les installations chez les particuliers, cet article 3 ne sera pas problématique.
Pour les installations intégrées au bâti qui ne nécessitent pas d'investissements trop importants, le développement va continuer. Mais, si le photovoltaïque ne se développe que grâce aux toits des particuliers, on ne verra jamais émerger de filière ou d'industrie.
En Allemagne, première puissance photovoltaïque européenne, aussi bien en termes de puissance installée que du nombre d'acteurs industriels, comment évolue la réglementation ?
L'Allemagne, sur les 6 derniers mois, a installé près de 6000 MW de photovoltaïque, autrement dit, elle a réalisé l'objectif fixé dans le Grenelle en un semestre. L'Allemagne connaît aussi des baisses de tarif d'achat, mais les décisions du gouvernement se font après des discussions ouvertes avec tous les acteurs.
En Allemagne aussi, le tarif d'achat est fixé lors du contrat d'achat. Mais la différence majeure avec la France, c'est que le temps écoulé entre la demande de raccordement et l'établissement du contrat d'achat doit impérativement être de quelques mois. Outre-Rhin, c'est une obligation légale.