Surprise et déception pour le futur centre orthodoxe russe à Paris

L'annonce jeudi du lauréat du concours international d'architecture pour la construction d'un centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris (7e) provoque des réactions d'enthousiasme et de désappointement chez les architectes.

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« Troisième : Frédéric Borel & Associés (équipe française). Second : Wilmotte & Associés et Mosproekt 2 (équipe binationale). Premier : Sade (Manuel Nuñez-Yanowsky/Miriam Teitelbaum) et Arch Group (équipe binationale). » Tel est le classement final du concours international d'architecture pour la construction d'un centre spirituel et culturel orthodoxe russe sur le quai Branly à Paris (7e). Une annonce effectuée le 17 mars 2011 à l'ambassade de Russie à Paris (16e) par Vladimir Kozhin, président du jury et directeur général des affaires du président de la Fédération de Russie, qui a prévu un lancement des travaux « début 2012 ». « Etat, Eglise orthodoxe et mécènes russes seront les trois sources de financement pour la construction du centre », a précisé Vladimir Kozhin.

Trois mois se sont écoulés depuis le premier tour de vote où dix équipes françaises et franco-russes (sur 109 participants) avaient été présélectionnées (voir liste ci-dessous). Monseigneur Marc a détecté « deux tendances » dans les différents projets examinés. La première, ressentie majoritairement auprès des équipes russes, consistait à « construire au cœur de Paris une église russe orthodoxe traditionnelle ». La seconde, perçue majoritairement auprès des équipes françaises, s'attachait à « construire au cœur de Paris une église n'ayant aucun rapport avec une église russe orthodoxe traditionnelle ». « Le projet lauréat représente une synthèse entre la tradition et la modernité, à l'image de la ville de Paris », commente l'homme d'Eglise.

Formes nouvelles

L'annonce du résultat a été « une surprise terrible » pour l'architecte Manuel Nuñez-Yanowsky, « 69 ans, bientôt », aussi à l'aise en français qu'en russe pour répondre aux questions des nombreux journalistes présents. Mais cet ancien collaborateur de l'Espagnol Ricardo Bofill raconte que le projet, élaboré en janvier-février à Moscou avec les jeunes architectes russes de l'agence Arch Group, ne sera pas réalisable sans « le plus grand bureau d'étude en France : Iosis ». Car l'église aux cinq bulbes dorés, le bâtiment de logements des prêtres et séminaristes, les salles d'activités ouvertes au public et le jardin seront enveloppés par un long voile de verre de plusieurs milliers de mètres carrés, évoquant celui de « Marie, mère de Dieu ». Une structure « high-tech » selon le terme de Manuel Nuñez-Yanowsky, car intégrant des panneaux photovoltaïques et filtrant le soleil avec une pellicule d'eau.

A l'enthousiasme des lauréats répond le désappointement d'autres candidats. L'architecte Frédéric Borel, dont le projet a été classé troisième du concours, s'est dit « triste et déçu après six mois de travail où [il avait] mis beaucoup de cœur et d'esprit ». Selon lui : « Les religieux n'étaient pas prêts à dispenser leur message à travers des formes nouvelles. » Un constat que partage son confrère Bernard Desmoulin, membre du jury. « Le projet de Frédéric Borel était beau, indique le lauréat de l'Equerre d'argent 2009, car il possédait une dimension à fois plastique et spirituelle. Les canons de l'Eglise orthodoxe l'ont emporté sur la culture architecturale contemporaine. »

A noter une mise à jour du portfolio ci-dessus, suite à l'exposition publique des projets (classés 1er, 2nd et 3ème) les 19 et 20 mars 2011 à la résidence de l'ambassadeur de Russie à Paris (79, rue de Grenelle, 7e arrondissement).

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