Se garer en double file, sur les places réservées aux livraisons, sur une entrée de parking : le quotidien. Sekou Traoré, plombier de 37 ans, travaille à l’entreprise Da Costa du 12e arrondissement. Eh non, ce n’est pas dans une petite Renault Kangoo utilitaire mais bien dans une Renault Mégane que le chemin se fait depuis un an. « J’avais des problèmes pour me garer mais aussi pour aller plus vite », indique-t-il. Direction Bagnolet à 12h pour récupérer un ballon chez le fournisseur. Parfois le coursier l’aide. Il y a une place juste devant la boutique. Un taxi a voulu se garer en même temps mais le fournisseur lui a dit non, « c’est pour mes clients », une lutte entre les professionnels pour récupérer la place. Sur son application de travail, il reçoit les bons et les adresses où il doit aller. 13h, direction Asnières. « Comme indication parfois, j’ai très peu d’éléments comme ici avec "tuyauterie cassée". Je sais que ce n’est pas une fuite mais j’en saurais plus une fois sur place. » Sur le chemin, il réfléchit aux options de réparation mais aussi aux outils : « parfois on m’envoie dans des zones où il n’y a pas de magasins de bricolage où je peux me rassasier ». Quand il manque un joint, il ne peut pas intervenir.

« Même si on dit à quelqu’un une heure de rendez-vous, on peut rester longtemps bloqué sur le périphérique. Sauf quand on reste en banlieue, le trafic est fluide. On a envie de griller les feux pour aller plus vite… Je peux recevoir facilement une amende par jour pour mauvais stationnement. Le stress est énorme », précise-t-il quand le trafic commence à ralentir. Ne pensez pas au covoiturage parmi les plombiers, ils n’aiment pas être dépendants de quelqu’un. « J’aime bien aller sur les chantiers fixes car je peux déposer mes outils et prendre les transports en commun pour y aller. Plus il y a de chantiers, moins je prends ma voiture », ajoute-t-il.
Direction la campagne profonde d’Ile-de-France

« Même si je suis en route vers une intervention, on peut me dire de faire un détour à l’opposé . » Et c’est ce qu’il s’est passé. Direction Boissy-le-Châtel, dans le 77. Il est 15h. Le trafic est fluide mais la route est longue. Bien que l’entreprise soit à Paris, les artisans sont envoyés dans toute l’Ile-de-France. « En une matinée, la somme de 800 euros peut facilement être récoltée donc les petites opérations ne sont pas une perte même si elles sont à l’autre bout de l’IDF tant que le chiffre est fait. Les seuls déplacements « perdus » arrivent quand je n’ai pas le matériel sur place », précise-t-il. Dans sa voiture, il a un peu de tout. Plus il sort de Paris, plus il se retrouve « qu’avec des gens manuels, ils savent se débrouiller ». « Nous n’avons pas autant de clients que ça en une journée, d’où le fait qu’on facture tout. Le déplacement est à 90 euros, 108 euros le soir à partir de 19h. On fait payer les frais de déplacements mais cela m’arrive de ne pas faire payer en fonction de la situation des personnes.» Les potentiels clients n’ont pas la grille tarifaire avant l’intervention. Les devis sont faits sur place uniquement. « Aucun bon des clients n’est laissé à la trappe, même si c’est une petite commande. On nous répète de ne jamais laissé un devis passé, même si on baisse les prix après négociations avec le client ». En arrivant, c’est « tenez, signez, payez », son leitmotiv.

Dans une journée : il ne sait pas où il va, il ne sait pas quand il va finir, ni s’il va avoir le temps de manger, s’il va avoir tout le matériel. Il passe près de 80 % de son temps sur la route. Une intervention peut durer entre 10 et 35 minutes. Le reportage a été réalisé le 6 septembre 2023.