Stocker le CO2 dans les fonds marins, une idée du Giec qui pourrait devenir réalité

La co-entreprise Northern Lights, détenue notamment par TotalEnergies, a signé un premier accord commercial avec un fabricant d'engrais minéraux portant sur le transport de dioxyde de carbone (CO2) liquéfié, destiné à être stocké dans les fonds marins norvégiens.

L'usine chimique Yara Sluiskil, aux Pays-Bas.
L'usine chimique Yara Sluiskil, aux Pays-Bas.

Décarboner, c’est bien ; décarboner et stocker, c’est mieux. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) l’a assuré pour la première fois dans son dernier rapport de référence en avril 2022.

Et c’est en Norvège qu’un projet d’ampleur pourrait bien voir le jour. En témoigne l'accord commercial conclu entre le français TotalEnergies, le norvégien Equinor et l’anglo-néerlandais Shell avec le fabricant d'engrais minéraux norvégien Yara. « Une étape majeure dans la décarbonation de l'industrie lourde en Europe », s’est félicité la co-entreprise Northern Lights (« Aurores Boréales » en français), détenue à parts égales par les géants pétroliers, dans un communiqué le 29 août.

Stocker dans des couches géologiques

Ce projet vise à capter puis stocker du dioxyde de carbone (CO2) liquéfié dans des couches géologiques à 2 600 mètres sous les fonds marins, au large de la Norvège. Yara aura pour mission de transporter et séquestrer du CO2 capté aux Pays-Bas sur le site de Yara Sluiskil, une usine d’ammoniac et d’engrais.

« A partir de début 2025, 800 000 tonnes de CO2 par an seront ainsi captées, comprimées et liquéfiées aux Pays-Bas, puis acheminées jusqu’au site de Northern Lights, afin d’y être définitivement séquestrées dans des couches géologiques enfouies à environ 2 600 mètres sous les fonds marins, au large d’Øygarden, en mer du Nord norvégienne », explique TotalEnergies dans un communiqué séparé. « Nous démontrerons ainsi que le CCS (le captage et stockage du CO2, NDLR) est un outil au service de l'ambition climatique de l'Europe  », a déclaré Børre Jacobsen, directeur de Northern Lights.

Financements publics

Alors que les installations de la première phase du projet doivent permettre de stocker jusqu'à 1,5 million de tonnes de CO2 par an, Equinor, dans un communiqué séparé, a indiqué que Northern Lights se préparait désormais pour une deuxième phase qui permettra « d'accroître sa capacité totale entre 5 et 6 millions de tonnes de CO2 par an ».

En décembre dernier, le gouvernement norvégien avait accepté de financer 80% des 6,9 Mds de couronnes (650 M€) nécessaires à la première phase de construction. Longtemps perçues comme marginales ou comme un stratagème des industriels pour éviter de réduire ses émissions, les mesures d'élimination du dioxyde de carbone (EDC) sont désormais un outil nécessaire, selon les experts de l'Onu.

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