Station de conversion : un suivi qualité impitoyable

En Bretagne, Arcadis signe le génie civil de la station de conversion électrique d’une interconnexion avec l’Irlande. Un projet qui nécessite une minutie de tous les instants.

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A La Martyre, dans le Finistère, Arcadis a assuré le génie civil de la station de conversion de la future interconnexion électrique France-Irlande. Le bâtiment de conversion fait 60 m de long sur 20 m de large et autant de haut.

Le projet d’interconnexion Celtic Interconnector entre la France et l’Irlande permettra aux deux pays d’échanger de l’électricité par un câble de 575 km, majoritairement sous-marin, dont la capacité de transport de 700 MW permettra d’alimenter 450 000 foyers. Un chantier à 1,6 milliard d’euros sous maîtrise d’ouvrage conjointe du gestionnaire de réseau de transport français RTE et de son homologue irlandais Eirgrid.

La liaison reliera le poste électrique de Knockraha, à l’est de Cork, en Irlande, à celui de La Martyre, dans le Finistère. Pour que l’électricité puisse être échangée entre les deux pays, elle doit être transportée dans le câble sous-marin en courant continu. Les stations de conversion à terre assurent ce rôle qui consiste à convertir le courant alternatif en courant continu. La réalisation de ces dernières a été attribuée à Siemens Energy.

40 ans sans arrêt

En France, le maître d’œuvre Arcadis vient de livrer la partie génie civil de la station de conversion bretonne. Celle-ci comprend trois bâtiments – conversion, contrôle et stockage – et une partie électrique en extérieur. Leur réalisation a demandé à l’ingénieriste une attention toute particulière : « La priorité de RTE est la pérennité des ouvrages et Siemens Energy s’est engagé sur une durée de vie de la station de 40 ans avec pour but de n’avoir à effectuer aucun entretien qui oblige à l’arrêter au-delà d’une semaine », explique Stéphane Casolari, chef de projet chez Arcadis.

1300 contrôles

L’installation a donc été conçue afin que chaque élément nécessite le moins de maintenance possible. « Le premier entretien de vérification de la pérennité de l’ouvrage n’interviendra pas avant 20 ans donc d’ici là, il faut éviter l’apparition de toute problématique », précise Stéphane Casolari. Le suivi de qualité en phase travaux prend par ailleurs une dimension exceptionnelle : « sur un ouvrage classique, nous réalisons 100 à 200 contrôles sur le ferraillage, la qualité des bétons ou des assemblages ; ici, à deux mois de la fin du chantier nous en avons déjà effectué 1300 », détaille le chef de projet qui voit dans le chantier « un niveau de vérification très proche de ce qui se fait dans le secteur nucléaire ».

Comme une salle blanche

Cette exigence s’accompagne d’obligations élevées, notamment en matière d’étanchéité à l’air. « Le bâtiment de conversion est comparable à une salle blanche, aucune poussière ne doit y pénétrer », explique Stéphane Casolari. L’étanchéité requise était de 0,7 m3/(h.m2), le bâtiment conçu par Arcadis atteint 0,3 m3/(h.m2) grâce à « un travail poussé sur tous les points singuliers de raccord entre les panneaux », précise-t-il. Quant aux autres bâtiments, ils dépassent les exigences de la RE2020 pour ce type de construction.

Niveau BREEAM

Avec en outre la mise en œuvre de 90% d’acier recyclé et une majorité de bétons bas carbone, le projet répond à des exigences environnementales de niveau BREEAM, même s’il ne sera pas certifié. « L’ambition de RTE était d’aller vers des solutions innovantes, sans se limiter à la recherche d’une certification. », précise Johan Pavie, directeur développement bâtiment chez Arcadis. Pour respecter les normes électriques, tous les ouvrages métalliques ont été raccordés à la terre, impliquant « des kilomètres de câbles et des centaines de points de connexion », selon Stéphane Casolari. Un puzzle mené à bien avec les entreprises de travaux NGE, Vilquin et Snef. Reste maintenant à Siemens Energy à mettre en place le procédé de transmission du courant continu à haute tension avant une mise en service de la station prévue fin 2026 et une ouverture de l’interconnexion au marché de l’électricité au premier semestre 2027.

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