Au plafond, sur les murs, au milieu des escaliers : Xavier Roussel-Galle déploie ses outils de staffeur-stucateur dans les moindres recoins des bâtiments où il intervient, comme en ce moment au musée zoologique de Strasbourg (Bas-Rhin), pour sa rénovation. Sa maestria, le responsable de chantier de l'entreprise Werey-Stenger ne l'a acquise qu'au bout de longues années de formation et de pratique quotidienne.

Son parcours initiatique a duré plus d'une décennie. Deux ans d'un « très bel apprentissage » chez son actuel employeur ont précédé pas moins de neuf années et demie de compagnonnage du Devoir jalonné d'un grand tour de France : Angers, Toulouse, Paris deux fois, Albi, Marseille, Rennes, sans oublier une incursion à Berlin. Chaque étape en entreprise a été l'occasion d'une montée en compétences. « On commence par la plâtrerie massive pour aboutir à de vraies œuvres d'art comme les rares escaliers à voûte sarrasine : leur forme [hélicoïdale, NDLR] vous oblige à esquisser l'escalier et à reporter le croquis pour avancer sur mesure, marche après marche. » Le dessin au crayon - « le DAO, je ne sais pas faire » - forme un trait d'union avec une très longue d'histoire - le plâtre se travaille depuis l'Antiquité - qui plaît au responsable de chantier de Werey-Stenger. « Savoir dessiner à main levée fait souvent la différence quand un client doit choisir entre deux artisans », estime-t-il.

Fascination. Comme le suggère le nom de staffeur- stucateur, Xavier Roussel-Galle exerce bien deux métiers. « Le staff, c'est travailler un mélange de plâtre et de fibres végétales qui a vocation, après moulage, à recevoir un autre revêtement. Alors que le stuc, c'est appliquer un enduit en soi : un matériau idéal pour les imitations. » De là à établir une hiérarchie, il y a qu'un pas… qu'il se refuse à franchir. « J'aime autant la technique du staff que celle du stuc », confie-t-il. Lui-même raconte « avoir été fasciné » tôt par le métier, « dès 8-9 ans », quand il accompagnait son père entrepreneur plâtrier en Franche-Comté chez un confrère.
La variété des applications est si grande qu'elle incite le maître-ouvrier de 49 ans à l'humilité, même après plus de vingt ans de carrière : « Ma compétence dans le stuc, par exemple, je la revendique surtout pour l'imitation pierre. Il y a d'autres formes moins courantes, comme le marbre à veines, que je ne me permets pas de réaliser seul. »

Werey-Stenger
- Activité : plâtrerie depuis 1971.
- CA 2022 : 15 M€ (prévision).
- Effectif global : 110 salariés, dont 15 staffeurs-stucateurs.
Faible mécanisation. Mais il ne faut pas s'y méprendre : ce métier d'artiste est également très exigeant. « Notre corps d'état est l'un des moins mécanisés. Les matériaux de levage et d'assistance se sont perfectionnés, les sacs de plâtre qui pesaient 40 kg sont passés à 25 kg mais cela reste lourd. Et les plaques destinées à l'isolation peuvent atteindre jusqu'à 60 kg ! Il faut être deux pour les porter. On travaille aussi dans des postures compliquées pour le dos, ou pour les genoux, à quatre pattes en bout d'escalier. Gérer ces contraintes, cela s'apprend avec le temps. » Au sein de Werey-Stenger, Xavier Roussel-Galle prend à cœur de transmettre son savoir-faire. Lui-même a bénéficié de l'expérience de ses collègues dans son premier poste chez SOE, en Ile-de-France, grâce auquel il est intervenu sur de superbes villas américaines ou encore à l'hôtel Matignon. Son principal motif de fierté, « c'est la reconnaissance des clients particuliers, qui voient leur projet incarné. Une complicité finit par s'instaurer avec certains d'entre eux. »