Située dans un quartier résidentiel de Quimper, la maison quasi centenaire était humide, sombre et dans un état vétuste avant les travaux. Le souhait principal des clients pour sa réhabilitation était de privilégier les critères de qualité de l’air, santé et confort dans l’habitat, ainsi que l’emploi de matériaux à faible impact environnemental. Le chantier a été réalisé par « Ma maison 29 », une coopérative créée en 2011 qui rassemble une soixantaine d’artisans du bâtiment implantés localement. Grâce à cette coopérative, les artisans mutualisent leur savoir-faire pour proposer une offre tous corps d’état. Ils peuvent mener à bien les projets sans intermédiaire et livrer leurs réalisations « clés en main », qu’il s’agisse de constructions, rénovations ou extensions.
Associé à la coopérative, le bureau d’études finistérien Bâti Respect s’est chargé de la conception du projet. Le choix constructif s’est porté sur la création de deux extensions au sud et au nord, ouvrant la maison à l’air et à la lumière et créant une dynamique bioclimatique.
Sur la façade sud, l’ancien escalier extérieur qui menait à l’étage de la maison a été détruit et remplacé par un jardin d’hiver double hauteur. Sa verrière permet de profiter au maximum de la chaleur du soleil et de la stocker directement dans le mur en pierre existant et attenant à la cuisine. L’air ainsi chauffé monte naturellement vers le premier étage, où a été créé un couloir traversant la maison du sud au nord. La nouvelle cage d’escalier a été placée sur la façade nord, à l’angle opposé du jardin d’hiver, favorisant ainsi la circulation de l’air dans toute la maison par courant de convection (flux d’air chaud ascendant par la verrière au sud, flux d’air frais descendant par la cage d’escalier au nord). Cette ventilation naturelle homogénéise la température et augmente le confort.
Au sol, la dalle nouvellement créée contient un réseau de drains qui remonte par une gaine technique vers les combles, traversant le cellier (au rdc) et la salle de bains (au 1er étage). Ce réseau de « climatisation naturelle » a été étudié pour laisser circuler l’air sous la dalle, diffuser la chaleur récupérée dans les combles à mi-saison, et éviter tout risque d’accumulation de radon, un gaz radioactif souvent présent dans le sol en Bretagne, qui serait alors directement ventilé vers les combles.
La maçonnerie des extensions nord et sud est réalisée en blocs de pierre ponce, produits à 70 km du chantier. Très isolants et résistants à l’humidité, ils ont aussi l’avantage d’être plus légers que les parpaings courants et de faciliter la mise en œuvre. Pour les fenêtres et baies vitrées, ont été choisies des menuiseries mixtes bois-aluminium à double vitrage, offrant le meilleur facteur solaire pour capter la chaleur du soleil. Les murs existants en maçonnerie de pierre stockent la chaleur, qu’elle provienne du soleil ou du poêle à buche d’appoint pendant les périodes froides. Et pour tirer meilleur parti de l’inertie de ces murs, une isolation thermique par l’extérieur (ITE) a été réalisée, avec un isolant en fibre de bois de 14 cm d’épaisseur et un bardage en douglas. L’association de ce bois naturellement imputrescible avec l’isolant bio-sourcé favorise la résistance aux fortes variations d’humidité du climat local.
Etudiée pour passer le cap du bâtiment à énergie positive (Bepos) dans les futures années, la maison est dotée d’une surface disponible en toiture pour accueillir des panneaux solaires dont les réseaux ont déjà été prévus, ainsi que d’un liteau sur la façade de l’extension nord pour accueillir une nouvelle extension avec chambre au rez-de-chaussée, accessible et adaptée aux personnes à mobilité réduite (PMR).
Un an et demi de concertation entre les clients, le bureau d’étude Bâti-Respect et les artisans de la Coopérative de construction Ma Maison 29 ont été nécessaires pour tirer le meilleur parti de l’expérience et des savoir-faire de chacun, créer une synergie et optimiser la qualité du projet.
Une étude d’impact environnemental des matériaux a par ailleurs été réalisée en partenariat avec les élèves de terminale STI2D (Sciences et technique de l’industrie et du développement durable) du lycée le Likès à Quimper. Les choix découlant de cette étude ont permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 100 tonnes de CO2, soit 1 million de kilomètres d’une voiture émettant 100g/km. L’énergie grise des matériaux a aussi été fortement réduite, l’économie équivalant à plus 400 ans de consommation de la maison.
Forts de cette expérience, les artisans de la coopérative Ma maison 29 ont participé à la 6e édition des « Journées portes ouvertes éco-construction » organisées par la Capeb Bretagne, les 4 et 5 octobre 2014. Ils y ont effectué des démonstrations de mise en œuvre de l’ITE et du bardage, de percement des murs porteurs en pierre et de réalisation de murs en maçonnerie de pierre ponce.
