Sur la côte atlantique, la commune de Soorts-Hossegor, avec ses somptueuses villas et ses grands pins maritimes, joue l'équilibriste entre vocation touristique et dynamisme économique. Son quartier d'activités, historiquement tourné vers l'artisanat du surf, s'organise aujourd'hui autour de showrooms et d'ateliers, formant ainsi un pôle économique en pleine expansion. Comme en bien des endroits, hélas, cette zone pâtit de modèles constructifs standardisés, où l'architecture disparaît derrière la logique purement comptable des hangars préfabriqués à la chaîne…
C'est pourtant là qu'en 2021 La Boîte Concept, un fabricant français de platines vinyles et d'enceintes acoustiques haute- fidélité - créé en 1938 ! - acquiert un terrain où implanter son nouveau site de production regroupant atelier d'assemblage, showroom et bureaux. Une parcelle en bout d'impasse, bordée au nord et à l'ouest par une lisière de pins. Un foncier contraint, soumis à d'importants reculs pour prévenir le risque incendie, avec un dénivelé de 1,20 m à digérer. L'entreprise confie la conception de sa nouvelle adresse à la jeune agence Formalocal (Nicolas Matranga et Patxi Gardera) basée à Biarritz et Paris.
« Le bâtiment entend redéfinir la place de l'architecture dans les zones d'activités, sans renier leurs spécificités, explique Nicolas Matranga. Le bâtiment hybride impératifs économiques et sobriété. Il accepte les règles du jeu, compresse son empreinte constructive, compose avec la topographie. Il ne rompt pas totalement avec le modèle du hangar mais le fait légèrement dévier. »
L'implantation centrale sur la parcelle structure les flux : au sud, un quai de déchargement à niveau tire parti du dénivelé et accueille les livraisons vers la zone de stockage ; au nord, l'accès est réservé aux piétons et véhicules légers. Le bâtiment adopte un plan rectangulaire compact, structuré autour de cinq travées métalliques porteuses tramées sur 6 m. Une configuration qui permet d'optimiser la quantité de matière mise en œuvre en charpente, aussi bien qu'en bardage.
A l'intérieur, judicieusement et symboliquement placée au cœur du dispositif, isolée de la rumeur, la petite salle anéchoïque est dévolue aux tests des matériels et autres mesures acoustiques en tous genres. Autour d'elle, le bâtiment développe sur deux niveaux l'ensemble du programme : stockage en double hauteur, atelier et showroom en rez-de-chaussée ; bureaux à l'étage avec vue sur la forêt de pins maritimes.
Sobriété volontaire
Rigueur technico-économique oblige, les matériaux restent bruts et l'ambiance se veut frugale : béton apparent, parpaings blanchis à la peinture, réseaux électriques et de CVC visibles, sols en béton industriel quartzé et menuiseries intérieures/extérieures en carrelets de châtaignier. Les espaces sont largement ouverts, fluides, avec le minimum de cloisonnements, facilitant ainsi la mutabilité des lieux en lien avec l'évolution future de l'entreprise.
Au-delà de cette sobriété volontaire, les architectes revendiquent une inspiration puisée aux codes vernaculaires de l'architecture locale : « A l'est comme à l'ouest, les pignons en béton brut affirment la stabilité de l'édifice. Leur forme en double pente, légèrement désaxée, fait écho à la morphologie traditionnelle de la ferme landaise. De même, les débords de toiture et la teinte sombre du bardage évoquent les anciens séchoirs à tabac, caractéristiques du paysage landais d'autrefois… »