Une nouvelle grille de lecture. Dans sa note « Vers une sobriété immobilière et solidaire » mise en ligne le 6 septembre, le groupe prospectif Réflexion Bâtiments Responsables et Territoires (RBR-T) du Plan Bâtiment Durable appelle les acteurs de la construction à ne plus « construire en quantité pour répondre aux défis de la croissance démographique et des évolutions économiques (tertiarisation, métropolisation…) » comme ce fût le cas dans la seconde moitié du XXe siècle. Mais à s’emparer des thématiques suivantes : « L’artificialisation des sols, la pénurie des matériaux et la croissance des déchets », résume Jean-Christophe Visier, coprésident.
Dans un contexte de ralentissement de la croissance démographique, la majorité des solutions mises en avant par le RBR-T (et qui mériteraient d’être massifiées) ne riment pas avec modification du bâti : « déménager quand les besoins évoluent », « mutualiser pour augmenter les durées d’occupation »…
Adapter les pavillons
Toutefois, ce « changement de paradigme » suppose aussi de toucher aux bâtiments existants. En complément – par exemple – de la transformation de bureaux qui commence à décoller, Jean-Christophe Visier demande aux « innovateurs » de se concentrer sur « la restructuration des logements, en particulier le pavillonnaire, fait pour les familles avec des enfants », et pas pour un couple de retraités dont les enfants sont partis du foyer ou un parent divorcé qui se retrouve seul.
Dans le tertiaire, il faut repenser les « commerces bousculés par le télétravail et le commerce en ligne », « les parkings en ville (…) sous-occupés au moment où les changements dans la logistique du dernier kilomètre nécessitent de nouveaux espaces » ou encore les 35% de garages n’accueillant pas de véhicules motorisés, à transformer en zones de stockage, voire en habitations, lit-on dans la note de 20 pages.
Des restaurants à double usage
En outre, les professionnels doivent désormais « adapter l’usage de locaux à de nouveaux publics sans transformation profonde » ou encore « restructurer les locaux pour les adapter à l’évolution des besoins ». Des exemples ? « Les restaurants scolaires ou d’entreprise, qui font partie des locaux les moins utilisés, voient émerger des projets. Le restaurant universitaire du CROUS devient espace de coworking. Le restaurant d’entreprise est utilisé comme salle de réunion ou est ouvert à des acteurs de la commune hors des heures de bureau », listent les auteurs.
En matière de construction neuve, destinée à décroître selon l’Ademe, le principe de réversibilité est amené à s’imposer. Celui-ci est déjà « appliqué pour certains bâtiments conçus en région parisienne pour l'accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, pour lesquels a été inventé le principe d’un permis de construire dit à double état », illustrent-ils.
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La sobriété du m²
Enfin, Jean-Christophe Visier se demande s’il ne faudrait pas « revoir les indicateurs » comme ceux du diagnostic de performance énergétique (DPE), qui ne prend pas en compte le nombre d’occupants du logement, et donc leurs besoins en énergie. « Les gains liés à la rénovation et à l’arrivée dans le parc de logements neufs plus efficaces (en phase d’usage) ont été absorbés par l’augmentation de la surface par personne (de 23m² à 40m² en trente ans, NDLR) », soulignent les auteurs.
« Un tel constat, qui est également fait à l’échelle européenne, interpelle. Elle pose la question de la sobriété dans le bâtiment, c’est-à-dire la maîtrise du besoin de bâtiments, avant même celle de l’efficacité et de la performance de ces mêmes bâtiments », concluent-ils.