Selon les professionnels du bâtiment, la généralisation des douches à l’italienne sans ressaut dans les logements « évolutifs » induira une hausse significative des coûts de construction.
Comme l’indique Alain Chapuis, entrepreneur et élu de la Fédération française du bâtiment (FFB) dans notre article du 9 décembre 2019, prévoir un bac de douche avec une hauteur limitée nécessite de recourir à un siphon de sol qui implique une chape de 7 cm sur l’ensemble des niveaux. « La surcharge générée par le poids de la chape impose une augmentation dimensionnelle de la structure : poteaux/poutres, fondations… De plus, cela oblige à prévoir une étanchéité générale sur toute la surface du sol de la salle de bain ainsi qu’une étanchéité partielle sur les parois verticales. »
En outre, le zéro ressaut risque d’accroître la sinistralité, en raison d’un manque d’entretien, d’erreur de conception des maîtres d’œuvre, de matériaux défaillants, etc., poursuit-on côté FFB.
Veiller sur l'étanchéité, l'isolation phonique et la sécurité électrique
Une vision que partage le directeur général de l’Agence qualité construction (AQC), Philippe Estingoy, qui affirme que les douches à l’italienne augmentent la sinistralité à trois niveaux : l’étanchéité, l’isolation phonique entre logement et en terme d’électricité.
« Il y a un périmètre de sécurité à respecter autour des points d’eau, or il arrive fréquemment de trouver des équipements électriques trop proches ou inadaptés », explique-t-il.
Quels sont les chiffres pour étayer cette information ? « Nous ne disposons pas de chiffres précis pour ces sinistres », précise le directeur. L’AQC gère les données liées aux assurances en terme de dommages ouvrage, or les désordres relatifs aux douches à l’italienne relèvent de la multirisque habitation.
En l’absence de données chiffrées, le président de l’Agence qualité construction partage son expérience : « Les salles de bains sont dans la plupart des cas des pièces exiguës, où il est difficile d’intervenir. Il existe bien sûr des professionnels très compétents, mais aussi des artisans moins bons pour lesquels réaliser une douche à l’italienne s’avérera beaucoup plus délicat ».
Selon lui, les désordres relatifs aux douches à l’italienne en général sont connus depuis une dizaine d’années. Quant à l’obtention de données plus précises et spécifiques, Philippe Estingoy pointe les moyens nécessaires pour les collecter : « Chaque année, la seule remontée d’informations brutes nécessite un budget de 100 000 euros. Obtenir davantage d’information nécessite de revoir ce montant à la hausse. »
Dégâts des eaux
Obtenir des retours d’expérience de maîtres d’ouvrage ne s’avère pas plus simple. Ainsi, l’Union sociale pour l’habitat (USH) indique prendre très au sérieux l’insertion des personnes handicapées dans les logements des bailleurs sociaux, mais ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet des sinistres liés aux douches à l’italienne. Enfin, la Fédération française des assurances (FFA) ne dispose que de chiffres sur les dégâts des eaux en général, mais pas de données spécifiques aux douches.