« Le réchauffement climatique est causé par les activités humaines. Et les conséquences d’une augmentation des températures moyennes à la surface de la Terre de 1,5 à 2 °C seront considérables », a rappelé le climatologue François-Marie Bréon, en ouverture de la conférence de l’association Bâtiments bas carbone (BBCA) sur le Simi.
Depuis la COP 21, qui s’est tenue à Paris fin 2015, où la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, ces dernières sont reparties à la hausse. « Nous étions pourtant sur une diminution depuis plusieurs années auparavant », a pointé François-Marie Bréon.
Stocker le carbone dans les bâtiments
Dans ce contexte, le stockage du carbone est l’une des possibilités pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. D’où l’intérêt de mettre en œuvre des matériaux biosourcés (bois, paille, pierre, terre crue, etc.), ce que promeut l’association BBCA. Créée en 2015, elle dispose depuis 2016 d’un référentiel de mesure de l’empreinte carbone des bâtiments neufs.
Ce mercredi 5 décembre 2018, elle présentait les premiers bâtiments labélisés pour la rénovation. « En neuf, le label tient compte des émissions de carbone imputables aux matériaux et aux équipements mis en œuvre », détaille Hélène Génin, déléguée générale de l’association BBCA. « Nous tenons compte également des émissions pendant l’exploitation du bâtiment, mais aussi du stockage de carbone et de la réutilisation de matériaux », poursuit-elle.
Conserver l'existant et isoler l'enveloppe
En rénovation, le socle de labélisation reste le même, avec les spécificités suivantes : « il s’agit de conserver au maximum l’existant, sans dépose prématurée, afin de valoriser les matériaux en place », poursuit la déléguée générale. Côté exploitation, le préalable consiste à améliorer l’isolation de l’enveloppe, afin de limiter les besoins en chauffage et, éventuellement en climatisation.
« A titre d’exemple, nous savons qu’un bâtiment de logements des années 1960 émet 3 t de CO2/m² pour son énergie, poursuit Hélène Génin. Dans le label BBCA Rénovation, ce seuil est au maximum de 1,250 t, soit moins de la moitié des émissions. »
Pour le tertiaire, les émissions doivent représenter au maximum 500 kg/m² pour l’énergie seule. Le stockage du carbone devra être a minima pérennisé, voire augmenté. Le comptage s’effectue par point, où un point correspond à 10 kg de carbone non-émis. Au final, il est possible d’obtenir l’un des trois niveaux de certification : standard, performance et excellence.
Des performances qui frôlent le passif
Point d’orgue de la conférence, trois premiers bâtiments labellisés BBCA Rénovation ont été présentés. Il s’agit de l’ensemble de bureaux Neuilly Gim (Hauts-de-Seine) : un édifice de 5682 m² pour 545 postes de travail construit par Bouygues Bâtiment Rénovation Privée pour le maître d’ouvrage Linkcity. De nombreux matériaux en place ont été conservés, y compris les portes et les garde-corps, tandis que le tri a été optimisé sur le site. Après rénovation, les émissions de carbone ont été réduites de 64 %.
Autre projet, un ensemble de 102 logements à Saint-Just-en-Chaussée (Oise), soit 7050 m² qui seront livrés en août 2019.
Enfin, le troisième projet labellisé est la résidence Jean Sellet à Fraize (88), soit 42 logements sur 4140 m². Une rénovation menée par le bailleur social Le Toit Vosgien, avec les bureaux d’études Terranergie et Pouget Consultants. Le projet frôle les performances du passif en matière de performances thermiques, ce qui se traduit par de faibles charges pour les locataires.
En plus de ces travaux sur les bâtiments, l’association a présenté l'esquisse d'un référentiel à l’échelle du quartier en septembre dernier. Les travaux se poursuivent expérimentation du bilan carbone débutée à cette échelle avec l’Ademe, il y a quelques mois.
