De la conception de la machine à son utilisation en passant par son installation effectuez-vous une analyse du cycle de vie de l’ascenseur ?
Oui. Nous l’avons mise en œuvre dans le cadre de notre démarche environnementale sur la base de la réglementation en vigueur avec la certification iso 14000 (14040, 14044) pour avoir une déclaration environnementale du produit sur l’ensemble de son cycle de vie.
Nous avons déterminé 6 grandes étapes : le design, la fabrication (dans notre centre de Gien), l’installation, l’utilisation, la modernisation et la fin de vie.
Comment réduit-on le poids carbone de l’ascenseur en conception ?
Rappelons déjà que l’ascenseur est relativement sobre d’un point de vue environnemental. Il représente 4% de l’empreinte carbone sur un chantier neuf. Et une fois installé il représentera de 3 à 5% de la consommation énergétique des parties communes du bâtiment.
En ce qui concerne la conception, il faut savoir que la consommation des ascenseurs d’aujourd’hui tourne autour de 650 KW contre 3400 KW il y a 25 ans. C’est plus de cinq fois moins. Cette performance a été réalisée grâce à des matériaux plus performants pour des produits moins lourds et équipés de solutions à haut-rendement environnemental.
Ainsi, un ascenseur est composé aujourd’hui de 70% à 90% d’acier dont une grande partie de recyclé. Nous utilisons également de l’énergie verte pour sa production. Nous appliquons localement un programme global d’Otis qui vise la neutralité carbone à horizon 2035.
Nous développons, dans notre centre de R&D de Gien, nos solutions éco-efficientes comme par exemple le ReGen (ou ReGen drive) qui vise à récupérer l’énergie liée aux déplacements de la cabine pour la rendre au bâtiment. Par rapport à un ascenseur hydraulique traditionnel l’économie d’énergie est de 75%. Un système qui est par ailleurs installé sur des escalators.
Plus visible, l’éclairage est aujourd’hui un éclairage LED qui multiplie par 10 la durée de vie de l’éclairage et permet 80% d’économies sur l’éclairage cabine.
Et en utilisation ?
Il y a la prédestination qui représente un gain « passager » et un gain énergétique et donc carbone. Pour le gain passager, imaginez que vous êtes dans une tour de bureaux avec une batterie d’ascenseurs pour desservir 20 étages. Dans un système classique, le matin tout le monde va monter dans la première cabine qui arrive et attendre d’arriver à son étage. La prédestination permet d’optimiser les déplacements de la cabine en groupant les passagers en fonction de l’étage qu’ils veulent atteindre. Cela leur permet d’attendre moins longtemps dans l’ascenseur, moins attendre au palier parce que les ascenseurs se pré-positionneront. Et d’un point de vue énergétique, il y a moins de déplacements, moins de redémarrage et surtout, le système va comprendre les variations de trafic et en identifiant les heures creuses et mettre les appareils en veille. Le gain de consommation est estimé à 27%.
Comment décarbonez-vous la maintenance ?
L’empreinte carbone d’Otis en France est à 90% liée aux véhicules. Le groupe a mis en place un programme de réduction sur les scope 1 et 2 au niveau mondial avec un objectif de -50% à horizon 2030. En France, cela passe par un verdissement de notre flotte soit 3700 véhicules. 10% de ce parc seront passés soit en « full electric » soit en hybride à la fin de l’année.
Ensuite, nous misons sur la connectivité des ascenseurs : nous possédons un programme de connexion des ascenseurs au cloud pour capturer des données de l’appareil afin de les analyser et de les « processer » pour optimiser les opérations de maintenance et les déplacements voir de les éviter grâce à de la manipulation à distance. L’intervention technique à distance permet d’éviter le déplacement d’un technicien dans 40% des cas.
Comment rénovez-vous vos machines ?
L’intervention technique à distance permet d’éviter le déplacement d’un technicien dans 40% des cas.
Pour cela il y a deux grandes approches : ce qu’on remplace, ce qu’on ne remplace pas. Et si Otis va préconiser des solutions éco-efficientes, on ne va remplacer que ce qui est nécessaire. Ainsi dans la mesure du possible, les guides ou les cabines seront conservés. Prenons par exemple un de nos chantier de modernisation d'une tour de la fin des années 90 à la Défense : nous proposons des solutions de régénération de courant mais les parties en acier seront conservées. Tous calculs faits nous évitons la fabrication de 350 t d’acier. A supposer que l’on ait dû les fabriquer, cela aurait généré 700 t de CO2 soit l’équivalent de 600 vols Paris-New York.
Et n’oubliez pas qu’un ascenseur modernisé peut réduire sa consommation d’énergie de 65%. Aujourd’hui, le parc d’ascenseurs est estimé à 620 000 dont la moitié a plus de 25 ans. Si on modernise 1% du parc ancien chaque année, le potentiel d’économie est de 7 millions de Kwh. Ce qui représente la consommation annuelle de 1400 foyers.
Et que faîtes-vous des pièces en fin de vie ?
L’acier est recyclable : donc on le conserve. Ce que nous ne pouvons pas recycler nous-même nous le confions à des prestataires. Pour récupérer les huiles par exemple. Les cartes électroniques, elles seront soit recyclées soit réparées. Pour tout cela il faut des boucles de recyclage local et cette filière est en cours de structuration par Otis.
Ascenseur et délestage : que se passe-t-il en cas de coupure ?
Un ascenseur fonctionne sur la ligne d’alimentation électrique du bâtiment. Une coupure de l’alimentation électrique du bâtiment ou une mesure de délestage entrainerait l’arrêt de l’ascenseur portes fermées, à un étage ou entre deux niveaux. Le passager est en sécurité dans la cabine de l’ascenseur et il a à sa disposition un dispositif de demande de secours qui, actionné, le mettra en communication avec nos équipes d’Otis Line, notre centre d’appel. Lors d’une coupure de l’alimentation électrique, notre dispositif de demande de secours est en mesure de fonctionner pendant au moins 1 heure conformément à la norme et aux règlementations en vigueur. [Norme EN81 28]. Dans la majorité des cas, l’ascenseur sera de nouveau opérationnel dès le retour de l’alimentation électrique. A défaut, nos équipes travailleront en étroite collaboration avec le propriétaire de l'immeuble pour remettre l'ascenseur en service dans les meilleurs délais.
Pour certains bâtiments classifiés ERP (Etablissement Recevant du Public) (bâtiments de soins : hôpitaux, cliniques, bâtiments type EPHAD médicalisés, foyers pour personnes âgées médicalisés) et pour les Immeubles de grande hauteur, les ascenseurs sont considérés comme des équipements prioritaires. Dans ce dernier cas, assez courant, le principe du délestage n’aura aucune incidence sur le fonctionnement des ascenseurs car selon la réglementation applicable à ces bâtiments ils seront secourus électriquement, par branchement basculant automatiquement soit sur une ligne électrique secondaire, soit sur un groupe électrogène.
%%MEDIA:2296566%%
Par ailleurs, Otis a développé le Gen2 Switch qui génère de l'énergie en fonction de la charge et du sens de déplacement, ce qui permet de réduire la consommation d'énergie nette – jusqu’à 8 mois d’autonomie constatée - et de réaliser des économies importantes sur la facture d'électricité. Équipé de batteries composées à 97 % de matériaux recyclés, le Gen2 Switch peut continuer à fonctionner même en cas de panne de courant (jusqu'à 100 voyages). Le Gen2 Switch peut également stocker l’énergie solaire ou éolienne. Enfin, notez que sa consommation est celle d’un sèche-cheveux !