Qu’attendez-vous du BIM en tant qu'expert en assurances ?
Michel Lutz : Avec le Building information model (BIM) et avec les maquettes numériques des projets, nous aurons accès à davantage d’informations en matière de la traçabilité et de responsabilités des intervenants, en particulier grâce à la gestion des interfaces entre lots techniques et entre matériaux. L’une des causes de sinistres concerne par exemple l’oubli d’un joint entre la maçonnerie et une menuiserie, ce qui créé un défaut d’étanchéité. Le processus BIM et l’amélioration des échanges entre corps de métiers devraient permettre d’éviter ce genre de défauts et les sinistres afférents.
Quels apports concrets attendez-vous du BIM ?
M.L. : Lorsque les entreprises remettent leurs offres, le BIM permet d’avoir des dessins en 3D précis et détaillés. Une distribution d’eau par exemple comporte une canalisation, des coudes, des robinets de coupures et de puisages. La connaissance de ces éléments permet un chiffrage plus précis et devrait là aussi éviter les litiges sur ce qui était prévu au départ ou pas. De même, en cas de casse d’un vitrage dans un pavillon par exemple, les données de la maquette numérique qui indiquent l’épaisseur et la nature du vitrage, sa couleur, ses dimensions… facilitent le travail de l’expert. Il n’y a plus besoin de faire appel à un entrepreneur pour changer la pièce, il est possible de commander directement le produit adéquat. C’est un gain en termes de coût pour l’expertise.
Cela signifie-t-il que les primes d’assurances vont baisser ?
M.L. : Rappelons que l’objectif de la ministre du Logement, Sylvia Pinel, est de faire baisser le coût de construction des logements. Cette diminution doit être favorisée par le BIM en réduisant la sinistralité. En toute logique, si les dommages diminuent, les primes devraient suivre la même courbe.
Pour l’instant, seules 3% des entreprises (1) ont intégré ce nouveau processus de travail. Comment expliquez-vous ce très faible pourcentage ?
M.L. : Pour moi, les freins tiennent avant tout aux coûts et aux montants importants des investissements demandés aux petites entreprises. En France, 300 000 entreprises comptent moins de 10 salariés. Pour ces petites structures, investir dans les logiciels et dans la formation nécessaire représente une perte de rendement conséquente. A cela s’ajoute une conjoncture économique difficile. Pour notre part, nous avons commencé à sensibiliser nos équipes à ce nouveau mode de travail et nous n’hésiterons pas à investir si besoin. Pour l’instant, nous prévoyons de nous déplacer là où se trouve la maquette numérique d’un projet, comme nous le faisons aujourd’hui lorsque nous nous rendons sur les lieux d’un sinistre.