Le quartier de La Défense poursuit son développement vers l'ouest, au-delà de la Grande Arche. L'axe majeur, tracé dès les années 1960, est prolongé sur le territoire de Nanterre jusqu'à la Seine par une succession de terrasses, espaces publics plantés bordés de nouveaux immeubles de logements, de bureaux et d'hôtels, signés par la fine fleur de l'architecture contemporaine. C'est désormais la devanture institutionnelle du renouveau urbain de la ville, mythique « commune rouge » des Hauts-de-Seine, sise au pied des tours du « grand capital ».
Inaugurée en octobre 2017 avec un concert des Rolling Stones, la U Arena conçue par Christian de Portzamparc est implantée en contrebas de la Grande Arche, en bordure nord de l'axe majeur, transformé ici en parvis géant. Elle peut accueillir jusqu'à 40 000 spectateurs, record de France pour une salle couverte(*) . Le projet a été porté par Jacky Lorenzetti, président du club de rugby du Racing 92 et ex-propriétaire de Foncia, qui a tout de suite opté, en homme d'affaires avisé, pour une salle de spectacles modulable, transformable en terrain de rugby les jours de match (pas plus d'une vingtaine par an). Le programme soumis à un concours international à deux tours (23 candidats au 1er tour puis 4 au second en conception-construction) comprenait également un important complexe de bureaux (30 000 m2), afin de conforter le financement de l'opération. La réponse de Christian de Portzamparc, associé à Vinci, remporta l'unanimité des suffrages.
Si le projet originel prévoyait une couverture amovible, son coût quelque peu prohibitif (20 M€) a conduit le commanditaire à négocier avec la Fédération française de rugby un stade indoor. L'accord impose que la hauteur sous la charpente de la couverture soit supérieure à 37 m. Quatre mégapoutres métalliques la constituent : deux transversales - dont la plus imposante mesure 150 m de long (dont 130 m de portée) et 14 m de haut - reliées par deux poutres longitudinales de 100 m. Quatre tours pompiers en béton armé soutiennent les 6 500 tonnes de cette structure revêtue d'un complexe multicouche de 1,20 m d'épaisseur assurant l'isolation acoustique (80 dB) et thermique ainsi qu'un bardage aluminium, l'ensemble couvrant une surface de 27 000 m2. Afin de garantir une isolation phonique équivalente entre l'Arena et l'immeuble tertiaire qu'investira bientôt le conseil départemental, un mur-manteau de 40 m de haut par 80 m de large en béton haute densité a été suspendu à la couverture entre les deux ouvrages. Utilisable 365 jours par an, ne nécessitant ni eau ni tonte, la pelouse synthétique de 11 000 m2 peut être recouverte de dalles « spectacles » en l'espace de onze heures. Les gradins l'encadrent sur trois côtés, formant un U - d'où le nom provisoire de la salle - le quatrième côté supportant un gigantesque mur d'images.
Jupon laiteux
Occupant l'intégralité de l'îlot, la salle développe sur ses trois côtés plus de 210 m linéaires de façade, dont un tiers donne sur le parvis. Il importait donc à l'architecte d'en atténuer l'impact visuel, tant pour les riverains que pour les spectateurs, tous surpris par l'ampleur du volume intérieur.
En débord au-dessus du socle qui comporte une quinzaine d'entrées, les trois strates des gradins ont été mises à profit pour superposer trois nappes d'écailles géantes galbées, en aluminium et verre, aux allures, le jour, de jupon laiteux.
La nuit tombée, ces 592 écailles, équipées de 3 000 réglettes à leds muent ce dernier en plissé lumineux animé de 16 millions de couleurs. La corolle en attique enchâssant la couverture, composée 645 coques en béton préfabriquées, semble alors en lévitation.













