C'est le dilemme de tout article portant sur les résultats économiques d'une entreprises. Faut-il privilégier le commentaire des données réelles ou des données comparables (c'est à dire "nettoyées" des effets de bases de prix, des effets de change, de jour ouvrés, des cessions et acquisitions) ?
La question se pose à la lecture des résultats du 3e trimestre de Saint-Gobain.
En effet, a "données comparables", le chiffre d’affaires est stable en cumul à fin septembre 2023 malgré un repli de -3,1% au troisième trimestre 2023 par rapport au troisième trimestre 2022. Dans un environnement moins inflationniste, les prix s’inscrivent à +5,9% à fin septembre et à +1,9% sur le troisième trimestre, traduisant "une stabilité globale en séquentiel depuis le début de l’année, permettant de continuer à générer un écart prix-coûts positif", note Saint-Gobain.
Des données qui permettent à Benoit Bazin, directeur général de Saint-Gobain, de saluer "la performance solide au 3e trimestre", de son groupe.
Mais à "données réelles", cette fois, la situation est un peu moins rose : les volumes se replient de 5,9% à fin septembre (-5% sur le troisième trimestre, dont un effet jours ouvrés d’environ -2%), avec un ralentissement modéré des marchés marqué par la baisse brutale de la construction neuve et la bonne résilience générale de la rénovation. Conséquence : le chiffre d’affaires se replie de 4,9% à 36,5 Mds € à fin septembre et de 10,5% à 11,6 Mds € sur le troisième trimestre avec un effet de change de -2,2% sur 9 mois et de -3,9% au troisième trimestre, et un effet périmètre de -2,7% sur 9 mois et de -3,5% au troisième trimestre.
La rénovation comme bouée
En effet, Saint-Gobain a à la fois beaucoup vendu (dans la distribution notamment) et beaucoup acheté d'entreprises (dans la chimie de la construction et dans les matériaux en Amérique du nord, désormais le premier marché de Saint-Gobain).
Ce que Benoit Bazin a appelé la "poursuite de l’optimisation du profil du groupe" et qui devrait lui assurer de passer la crise actuelle. "Le groupe est résilient dans un contexte économique chahuté et cela est le résultats de nos choix stratégiques", a assuré Benoit Bazin. Les marchés d’Amérique du Nord, d’Asie et des pays émergents et la chimie de la construction, aux perspectives de croissance soutenues, représentent désormais 2/3 du résultat d’exploitation du groupe. L’ensemble "chimie de la construction" affiche ainsi une croissance interne de +3,1% à fin septembre.
En France, Saint-Gobain "surperforme" grâce à sa forte exposition à la rénovation que devrait booster la nouvelle donne réglementaire. Ainsi, Benoit Bazin a salué l’annonce du doublement de MaPrimeRénov’ et l’ambition de tripler le nombre de rénovations globales à 200 000 par an dès 2024.
Autant d'éléments qui poussent Saint-Gobain à confirmer pour 2023 ses hypothèses de marchés et à viser, sur l’ensemble de l’année 2023, un "nouveau record de marge d’exploitation, à deux chiffres pour la troisième année consécutive".