2022 a été une année digne d'une série Netflix pour Saint-Gobain. Le géant des matériaux a dû surmonter les restes de la crise du Covid, les aléas climatiques, l'envolée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine. Mais au bout de cette année chahutée, le "happy end" a été au rendez-vous : des résultats records. Qui seront présentés officiellement le 23 février prochain mais que le directeur général de Saint-Gobain, Benoit Bazin, qui présentait ses voeux à la presse ce jeudi 5 janvier, a un peu "spoilés".
America first
"On pourrait résumer cela ainsi : 2022 a été une année à deux chiffres", a-t-il assuré. "Croissance des ventes à deux chiffres, croissance des résultats à deux chiffres, croissance de la marge d'exploitation a deux chiffres, tout cela montre notre capacité à tenir nos engagements", s'est-il félicité.
Une année particulièrement marquée par les performances du groupe en Amérique du Nord - "nous y connaissons une croissance de 13% par an depuis 2018", a souligné Benoit Bazin -1ere zone géographique du groupe en termes de rentabilité.
Pas de problème avec l'Inflation reduction act américain
Interrogé par LeMoniteur sur l'impact de l'Inflation reduction act du président américain Joe Biden, ce plan qui prévoit des crédits d'impôts pour les industriels pour les investissements et la production dans le véhicule électrique, dans l'éolien, le solaire, la séquestration du carbone, l'hydrogène vert, les biocarburants, les batteries, etc., Benoit Bazin a reconnu que Saint-Gobain en profiterait certainement sur le sol américain. "Mais cela ne signifie pas que nous allons fermer 25 usines en Europe pour en ouvrir 25 aux Etats-Unis", a-t-il assuré. "En revanche, c'est à l'Europe de se bouger face à ces mesures protectionnistes. Je suis favorable à un Buy European Act".
"De manière générale, nous avons établi un équilibre entre nos zones géographiques : 1/3 de nos résultats sont portés par l'Amérique du Nord, 1/3 par la zone Europe, Afrique Moyen-Orient et 1/3 par les pays émergents", a-t-il complété.
Décarbonation et isolation
2022, année de la décarbonation, a aussi été le théâtre d'une orientation forte vers les activités de chimie de la construction dans la foulée de l'acquisition de Chryso (mai 2021)
Mais c'est encore et toujours la rénovation énergétique que porte et qui porte Saint-Gobain. "Pour sortir de la double crise climatique et énergétique avec l'inflation, la meilleure solution c'est la rénovation et l'isolation des bâtiments", a rappelé Benoit Bazin qui a de nouveau appelé à un "plan Marshall de la rénovation, pour rentrer dans une logique d'investissement". C'est cette logique qui selon lui permettra les 700 000 rénovations globales annuelles de logements qui permettront d'atteindre les objectifs de la France en matière d'émissions de GES.
Pour 2023, "le court terme s'annonce mouvementé", a reconnu le D.G. "Mais nos fondamentaux sont solides et notre organisation agile nous permettra de saisir les opportunités qui se présenteront", a-t-il conclu.
Livre blanc
Saint-Gobain a réalisé pour la Fnaim, un livre blanc sur la rénovation des logements collectifs sous-titré "enjeux d'aujourd'hui et de demain" qui aborde notamment la problématique du parc privé.
"Alors que le parc de logements sociaux bénéficie d'une gestion à long terme plus favorable à son entretien et à sa rénovation (un peu moins de 400 000 logements - soit 10% du parc - sont des passoires énergétiques), le parc privé affiche un nombre élevé de passoires thermiques : 1,5 M de logements en copropriété sont classés F ou G", a rappelé Thierry Fournier, directeur général de Saint-Gobain Europe du Sud, Moyen-Orient et Afrique. "En cause, le cout des travaux, le manque d'anticipation, les difficultés de financement et les intérêts individuels qui complexifient l'entente entre les copropriétaires".
