Des élèves de cinq promotions de l’école nationale supérieure de Versailles-Marseille (ENSP) ont imaginé l’adaptation de territoires côtiers à la montée des eaux, entre 2015 et 2019.
Partenaire de ces ateliers pédagogiques régionaux (APR) intégrés depuis 2017 à son projet européen Life Adapto qui traite du même sujet jusqu’en 2022 dans 10 sites pilote, le Conservatoire du littoral capitalise l’acquis : un livre en restituera la trace écrite et visuelle.
L’audace et l’expérience
Chargée de sa mise en forme et coordinatrice des APR à l’ENSP, Béatrice Julien-Labruyère en puise la substance à deux sources complémentaires : l’audace de la jeunesse incarnée par les étudiants, et la méthode acquise au fil des projets par Alain Freytet, paysagiste rompu aux exigences du conservatoire, entre gestion des flux touristiques et mise en valeur du patrimoine naturel et culturel.
« Dans les réunions avec les acteurs locaux, les élèves n’hésitent pas à aborder les sujets qui fâchent autour de la question « comment accueillir l’eau » », développe l’enseignante. La pédagogie inclusive du risque passe par l’histoire : le trait de côte a déjà bougé ; il bougera encore.
Voir mouvement
Pour accompagner les étudiants sur le chemin qui va du diagnostic au projet, l’école a mobilisé l’auteur du guide méthodologique de référence, signé en 2013 par Alain Freytet sous le titre « Les paysages du conservatoire du littoral ». « Grâce à sa méthode, les élèves ont appris à voir beau, à voir grand, à voir projet, à voir mouvement », résume Béatrice Julien-Labruyère. Les suites opérationnelles de la plupart des travaux d’étudiants confortent l’ENSP.
Coordonnateur d’Adapto aux côtés du Bureau de recherche géologique et minière et d’une douzaine de partenaires techniques et financiers, le conservatoire partage l’enthousiasme de l’école : « Mieux que les discours techniques, le paysage fédère des publics différents autour des représentations passées, présentes et futures. Admettre les mouvements du littoral peut faciliter sa sécurisation à moindre coût », commente Patrick Bazin, directeur de la gestion patrimoniale.
Diffusion massive
L’apport du paysage complète un message technique d’Adapto : les stratégies de défense fondées sur des ouvrages de génie civil coûteux ne suffiront pas à passer l’épreuve de la montée des eaux. Les sites pilote montrent les atouts d’une gestion souple qui mobilise les solutions fondées sur la nature, avec des cobénéfices pour la biodiversité.
Programmée dans les mois à venir, la restitution du projet financé par l’Union européenne offrira une rampe de lancement au recueil dont le conservatoire promet une diffusion gratuite et massive, en direction de l’ensemble des acteurs du littoral.