REZE Un lotissement expérimental

A la périphérie de Nantes, en Loire-Atlantique, un aménageur privé et un bailleur social expérimentent, avec les architectes du groupe Périphériques, un lotissement qui accueille sur 18 hectares une grande diversité d'architectures tout en conservant les principes de l'habitat diffus.

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Les architectes du groupe périphériques sont des agitateurs d'idées. En 1996, constatant l'absence de la profession sur le marché de la maison individuelle, David Trottin, Emmanuelle Marin-Trottin, Louis Paillard et Anne-Françoise Jumeau lancent un appel auprès de leurs jeunes confrères européens pour la conception de maisons à moins de 500 000 Francs TTC, comprenant au minimum un séjour et deux chambres. Le résultat, qui a fait l'objet d'une publication et d'une exposition (1), leur permet de démarcher villes et maîtres d'ouvrage potentiels. Ils trouvent un écho favorable auprès des élus de la Ville de Rezé, dans la périphérie de Nantes, d'un aménageur de lotissements, Terre Océane, et d'un maître d'ouvrage, Loire-Atlantique Habitations : un site de 18 hectares est disponible, en continuité de zones pavillonnaires récentes. Le défi qui leur est proposé est double : d'une part, effectuer un travail d'urbaniste sur l'ensemble du site pour découper environ 200 parcelles, les desservir et établir des règles d'intervention et de construction ; d'autre part, réaliser un quartier « expérimental » de 30 maisons en habitat locatif social, c'est-à-dire donner une réalité à certains des projets de l'appel d'idées de 1996. En amont, les commanditaires sont prêts à jouer le jeu : l'aménageur du site y voit un moyen de sortir du lotissement traditionnel et le maître d'ouvrage pense montrer que l'intervention d'un architecte dans l'habitat individuel social ne produit pas forcément de surcoût.

Dès lors, le processus est lancé. Chargés d'établir le plan d'ensemble du lotissement, les architectes de Périphériques ne cherchent pas à inventer de nouvelles formes de parcelles. A partir de photos aériennes et du cadastre, ils répertorient les découpages existants dans ce milieu urbanisé récemment, mais dont le passé rural est encore lisible, et proposent un mixage général des typologies observées : parcelles traversantes, parcelles symétriques ouvertes sur un mail commun, parcelles aléatoires... « Il nous semblait important de placer ce projet dans la réalité de la fabrication de la ville d'aujourd'hui, sans chercher une densité factice dans un milieu encore proche de la campagne », précise David Trottin. Certaines règles de « bon sens » sont énoncées. Le boulevard urbain prévu au POS est déplacé pour se développer sous les lignes à haute tension présentes sur le site, libérant ainsi de la surface constructible. Les parcelles sont desservies par un maillage assez large de voiries qui définissent des îlots aux formes irrégulières. Les traces du parcellaire agricole, haies et chemins, sont conservées en leur état, les chemins constituant un réseau piéton autonome, traversant les îlots, et offrant une seconde orientation à certaines parcelles. Si l'on ajoute quelques règles concernant le traitement propre des clôtures par des haies et des murs, le plan d'ensemble reste assez souple pour accueillir les différents types de programmes envisagés - parcelles achetées à l'unité et bâties par des particuliers, groupements de parcelles construites en habitat individuel ou en petits collectifs par un maître d'ouvrage professionnel - tout en gardant une cohérence d'ensemble. Mais c'est l'opération expérimentale - elle a reçu des crédits REX du Plan urbanisme construction et architecture - de 30 maisons locatives en habitat social qui verra d'abord le jour. Trois morceaux d'îlot ont été retenus dans la partie ouest du site pour recevoir, sur des parcelles dont la surface moyenne ne dépasse pas 300 mètres carrés, les maisons conçues par six équipes d'architectes issues de l'appel d'idées de 1996 : les Espagnols d'Actar Arquitectura, l'équipe franco-australienne Lacoste-Stevenson-Hubert, Jacques Moussafir, les Italiens de Stalker et les protagonistes de Périphériques, Paillard-Jumeau et Marin-Trottin. Des maisons qui s'inscrivent dans les normes de surfaces - du T2 au T5 - et dans les prix du logement social traditionnel, grâce à un système constructif unique en structure bois. Mais avec une différence de taille : rarement on aura vu rassemblée sur une surface aussi réduite une telle diversité de typologies et de formes architecturales, pour un programme qui trop souvent, en zones périurbaines, semble reproduit à l'infini.

(1) « Trente-six modèles pour une maison », éditions Arc-en-Rêve. Bordeaux, 1997.

FICHE TECHNIQUE (p.135) :

Lieu : Rezé (La Piroterie)

Aménageur : Terre Océane, Loire-Atlantique Habitations

Maîtres d'oeuvre : Périphériques (Paillard-Jumeau, Marin-Trottin), Actar Arquitectura, Moussafir, Stalker, Lacoste-Stevenson-Hubert

Calendrier : études, 1999-2001 ; chantiers, 2002-2003

DESSIN :

Elévations à partir des différentes rues : la diversité architecturale est assurée par six équipes de concepteurs.

MAQUETTE :

aquette du lotissement montrant les connexions établies avec les quartiers mitoyens, les espaces publics (en jaune), et les trois îlots «expérimentaux », qui recevront une trentaine de maisons (en rouge).

PLAN, DESSINS :

A droite, plan-masse des trois îlots «expérimentaux» montrant les différentes modalités d'occupation des parcelles.

A gauche, quatre perspectives du même quartier.

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