La présentation des brillants résultats des trois majors du BTP pour 2005 promettait d’être réglée comme une feuille de papier à musique : on devait y parler autoroutes, appétit pour l’électricité, projets de croissance externe… Mais l’annonce de l’irruption de l’espagnol Sacyr Vallehermoso dans le capital d’Eiffage, à hauteur de 5 %, a perturbéce bel ordonnancement : brusquement, le BTP s’est trouvé concerné par le débat actuel sur les OPA.
Vinci : carnet de commandesdodu. Numéro un mondial, Vinci a présenté de beaux résultats pour 2005 et, fort d’un carnet de commandes dodu (9,8 mois d’activité), aborde sereinement 2006 : son chiffre d’affaires a progressé de 10,4 % en 2005 à 21,5 milliards d’euros tandis que son résultat opérationnel (1,57 milliard) montait de 20,6 % et son résultat net, de 19,1 % (à 871 millions). Le chiffre d’affaires est réalisé à 61,7 % en France ( 9,7 %). Les croissances les plus spectaculaires à l’international ( 11,5 %) sont affichées en Europe centrale et orientale ( 42 %). Le chiffre d’affaires 2005 se serait élevé à 24 milliards si l’on avait intégré « pro forma » ASF, la société d’autoroute dont Vinci espère avoir finalisé l’acquisition avant le 30 juin. ASF viendra grossir de 8 000 personnes les effectifs du groupe (134 000 personnes en 2005). Par métier, on peut noter la hausse de 44,6 % du résultat net des concessions, dont le chiffre d’affaires dépasse les 2 milliards. 735 millions ont été investis par Cofiroute. Vinci Energies (3,5 milliards de CA) voit son résultat net progresser de 11 %, à 106 millions. Une quinzaine d’entreprises ont été rachetées en 2005. Le groupe continue de convoiter Amec-Spie, comme Eiffage et Bouygues et de nombreux autres candidats. Dans les routes (6,46 milliards de CA), le résultat (159 millions, 14,2 %) pâtit du surcoût des matières premières et du transport ainsi que du poids des restructurations aux Etats-Unis et en Espagne. La construction (9,4 milliards) continue de caracoler avec un résultat net en hausse de 30 % à 323 millions.
Bouygues : très performant. « Des performances tout à fait exceptionnelles » : c’est en ces termes que Martin Bouygues a commenté les résultats du groupe à l’intérieur duquel le BTP se montre très performant : ses trois composantes (construction, immobilier, routes) voient leur chiffre d’affaires cumulé progresser de 16 % et leur résultat net de 26 %, à 562 millions. Avec une croissance de 19 % de son chiffre d’affaires, Colas creuse l’écart, son résultat, bondissant de 22 %, frôle (à 296 millions) celui des télécoms. Bouygues Construction voit son chiffre d’affaires progresser de 11 % à 6,1 milliards, dont 3,65 en France ( 13 %), et son résultat net s’accroître de 25 % à 175 millions. Le groupe se fixe un objectif de 6,45 milliards de chiffre d’affaires ( 5 %) dont 3,92 en France ( 7 %). Bouygues Immobilier, dont le chiffre d’affaires est monté de 20 % à près de 1,56 milliard, rejoint Nexity en tête de la promotion immobilière. Le résultat net fait un saut de 41 % à 90 millions. Martin Bouygues a confirmé l’intérêt qu’il portait à Areva en raison des « compétences » que le groupe estime avoir dans ce dossier.
Eiffage : la barre des 10 milliards pour 2006. Les convoitises de Sacyr Vallehermoso sur Eiffage (voir page 24) et les commentaires du P-DG du groupe Jean-François Roverato – « la coopération oui, la copulation non » – ont dominé la présentation des résultats d’Eiffage, dont 71,7 % du capital est dans le public. Jean-François Roverato, qui estime que le groupe « peut poursuivre son développement par lui-même », a indiqué que les 10 milliards de chiffre d’affaires allaient être franchis en 2006 avec APRR : le chiffre d’affaires des concessions s’en trouvera multiplié par 14, à 1,56 milliard, aux côtés de la construction (8,74 milliards prévus) qui bénéficie d’un carnet de commandes « historiquement élevé ». Avant cette opération, le chiffre d’affaires d’Eiffage progressait en 2005 de 9,6 % à 8,4 milliards et le résultat net de 33 % à 303 millions. La construction ( 5,7 %) était portée par la forte activité dans l’Hexagone, l’immobilier, les routes ( 9,9 %) se sont bien tenues et l’installation électrique ( 16,4 %) a progressé. Après la cession récente des parkings, la branche concessions va être concentrée sur les grandes infrastructures de transports.