Sans diagnostics, pas de rénovations. Intangible depuis les réglementations de 1997 qui protègent les opérateurs du BTP contre les risques de l’amiante, cette règle a bloqué les réhabilitations depuis le début du confinement.
La chambre syndicale des diagnostiqueurs immobiliers de la fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) va faire sauter ce verrou : ses administrateurs s’apprêtent à rendre public le protocole qu’ils ont approuvé le 6 avril en visioconférence.
Chantiers de toutes tailles
Après la publication du guide sur la sécurité des chantiers sous l’égide de l’OPP-BTP le 2 avril, ce nouveau document rend possible le déblocage d’opérations de toutes tailles : « Les rénovations concernent aussi bien le tissu de l’artisanat du bâtiment que les grands chantiers des promoteurs », souligne Yannick Ainouche, P-DG d'Ex'im - un des leaders du diagnostic immobilier avec 105 implantations réparties sur le territoire national - mais aussi administrateur de la chambre syndicale des diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim.
Avec des règles encore plus draconiennes que celles de cette organisation professionnelle, Ex'im applique son propre protocole de prévention du Covid-19.
Lorsqu’ils ont stoppé leur activité à partir du 16 mars, les diagnostiqueurs se sont séparés d’une partie de leurs équipements de protection : les masques chirurgicaux FFP3 sont allés aux personnels soignants, de même que des combinaisons, gants et surbottes. Compte tenu de la lenteur prévisible de la reprise d’activités, les équipements restant à leurs dispositions devraient suffire, dans un premier temps, à répondre à la demande. Les diagnostiqueurs utilisent notamment des masques à cartouche, ventilés et ajustés à chaque personne.
Reprise lente
« Le redémarrage exclut encore les logements occupés », prévient Yannick Ainouche. Le protocole des diagnostiqueurs distingue quatre classes de risque, entre très faible et élevée. Seules les trois premières entrent dans le champ de leur guide. La perte de productivité occasionnée par le respect des nouvelles procédures, y compris celles qui s’imposent aux entreprises de travaux, interdit d’envisager le retour à un rythme normal avant de longs mois. Le déblocage envoie néanmoins un signal réconfortant à la profession.
La mise en place d’une stratégie de sortie de crise se traduit par un autre motif de satisfaction, pour le P-DG d’Ex'im : « Jamais jusqu’alors, les diagnostiqueurs n’avaient pu échanger des bonnes pratiques avec les pouvoirs publics et les représentants des entreprises du BTP ». Yannick Ainouche se prend à espérer que la crise occasionne un décloisonnement durable au bénéfice d’une culture partagée de la prévention des risques, dans toute la filière.