Rénovation-extension Une école faufilée entre pierre blonde et acier galvanisé

Installée sur une vaste parcelle dans le quartier de La Bastide à Bordeaux, cette réalisation ouverte sur un jardin botanique tire parti des bâtiments existants, rénovés et mis en valeur, pour fédérer une école élémentaire, une école maternelle et un pôle « petite enfance ».

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PHOTO - ARCHI EQUERRE 06.eps

Fruit d’un concours remporté en 2001 (!) par les architectes Nathalie Franck et Yves Ballot, le groupe scolaire Nuyens est implanté sur la rive droite de la Garonne, dans le nouveau quartier de La Bastide d’où il surplombe le vaste jardin botanique qui lui fait face. L’ensemble comporte une école élémentaire (225 élèves) avec neuf salles de classe, quatre ateliers et un restaurant, ainsi qu’une école maternelle (150 élèves) de six salles de classe, deux ateliers, deux dortoirs, un restaurant ; sans oublier deux logements de fonction.

Sur ce site au tissu très relâché, « coûteux en remblais et VRD », voué il y a peu encore aux échoppes et entrepôts, une des principales difficultés du programme a été d’occuper – au sens strict – la parcelle de près d’un hectare. D’où un minutieux travail sur les vides, les retraits, l’altimétrie des constructions et l’étirement des parcours.

Les architectes ont ainsi choisi de déployer le groupe scolaire selon deux cours en U autour des bâtiments existants du XIXe siècle. Une partie centrale traversante regroupe, côté rue Nuyens, l’entrée et l’aire d’attente des parents et, sur la rue Giono, le stationnement et l’accès de service.

Conception duale. Mais avant d’opter pour un tel parti, la question du maintien ou non des bâtiments existants s’est naturellement posée. Tandis que la mairie souhaitait conserver un seul des bâtiments anciens, les architectes ont préféré garder l’ensemble, moins pour sa valeur patrimoniale que pour sa « valeur sociale » de lien avec la rue Nuyens dont l’alignement est ainsi préservé. Un choix qui a permis aux concepteurs de décliner leur intervention sur le thème de la dualité : confrontation des bâtiments (neufs/existants) et des matériaux (pierre et verre), différenciation des espaces (sombres/lumineux, bas/haut, intérieurs/extérieurs), multiplication des dispositifs visuels (cadrages sur le lointain, puits de lumière).

Les deux écoles réalisées se déploient donc en R 1 autour de leurs cours de récréation respectives ouvertes sur le parc. Les extensions prennent place devant les bâtiments existants et, perpendiculairement, en peigne. Elles restent volontairement indépendantes de l’existant au plan structurel. Côté école élémentaire, l’extension est surélevée pour créer le préau, cadrer la cour et le jardin, et conférer un nouveau visage aux bâtiments anciens. A l’intérieur, les architectes ont travaillé la matière – acier galvanisé, béton ciré, maçonneries en pierre, panneaux en fibre de bois – et la lumière naturelle. Côté maternelle, le dispositif s’inverse, l’extension est ancrée au sol pour laisser émerger l’attique de l’école Jules-Ferry, avec les logements de fonction à l’étage. Les salles de classe, de surfaces conventionnelles, sont largement ouvertes sur les espaces de circulation, les préaux, les cours et le jardin au moyen de façades vitrées toute hauteur.

Au plan constructif, couverture et structure sont métalliques et les planchers sont en bacs acier collaborants. Une option technique propice à une architecture faite d’auvents, de porte-à-faux et de sous-faces. Ainsi, dans l’école élémentaire, la structure est en partie suspendue au grand profilé-reconstitué-soudé (PRS) de la coursive d’étage, astuce destinée à limiter le nombre des poteaux dans le préau, tant pour des raisons d’usage que pour renforcer l’impression du vide.

Côté matériaux, les extensions vitrées, en contraste avec les parties anciennes, ouvrent sur les cours orientées au Nord. Les éléments opaques – façade du restaurant, surtoiture de l’école élémentaire – sont réalisés en tôle d’acier galvanisé tandis que les sous-faces des auvents sont traitées à l’aide de panneaux acoustiques de fibres de bois. « Un projet qui n’aurait, bien sûr, jamais pu aboutir sans l’implication de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), soulignent les architectes et surtout – compte tenu des difficultés du chantier liées aux défaillances de certaines entreprises – sans l’opiniâtreté des agents qui ont suivi l’opération : Olivier Lamothe du Centre Architecture, Espaces publics et Paysage (CAEPP) de la CUB et son directeur Jean-Michel Olivès ».

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