Stade rennais, saison trois. Le scénario redouté par les opposants au projet d'extension du centre d'entraînement du club de football sur le site de la Prévalaye à Rennes (Ille-et-Vilaine) est en passe de se réaliser après un feuilleton qui aura duré deux ans.
Propriété de la famille Pinault, le Stade rennais a de nouveau revu à la hausse son besoin de foncier, annonçant le 1er mars dernier la mobilisation de 2,6 ha supplémentaires pour son centre d'entraînement de la Piverdière. Pour le collectif de la Prévalaye, qui bataille pour préserver cette zone de biodiversité intégrée à la fameuse ceinture verte rennaise, « la ligne rouge a été franchie, et le Stade rennais balaie deux ans de concertation pour revenir à sa position initiale ». Autour, le site naturel composé de bois, de zones humides et de prairies accueille une ferme pédagogique, des jardins familiaux, des projets agro-écologiques… Vent debout, les opposants dénoncent une « artificialisation irresponsable de terres nourricières et une amputation des mesures de compensation de la ligne de métro ».
Le club, déjà installé depuis une vingtaine d'années sur 11,4 ha, qui comptent, entre autres, six terrains de foot, évoquait en mars 2020 un besoin de 8 ha pour son projet d'agrandissement. En février 2021, à l'issue de multiples réunions du comité de gestion de la Prévalaye - qui rassemble élus, associations environnementales et riverains - le Stade rennais revoyait sa copie à la baisse sur 3,5 ha. Trois scénarios d'aménagement étaient alors présentés par l'équipe de maîtrise d'œuvre désignée, l'agence NeM Architectes, qui a collaboré au projet de la Bourse de commerce de la fondation Pinault à Paris. Le dépôt de permis de construire était annoncé à l'automne 2021.
Retour à la situation de 2020. Nouveau rebondissement, donc, le 1er mars, lors de la 11e réunion du comité de gestion de la Prévalaye. Karim Houari, le stadium manager du club, annonce un besoin de 2,6 ha en plus, portant l'emprise totale à plus de 6 ha. Pas très loin donc de la version de 2020… « Le projet de 2021 ne permettait d'installer qu'un seul terrain de plus en raison de la présence de zones humides. Or, compte tenu des enjeux qui sont les nôtres, nous avons besoin de 18 ha en tout pour 10 terrains », défend Karim Houari.
Bailleur emphytéotique des terrains, la Ville estime que « le club doit rester sur le site de la Piverdière dont il a pris en compte les spécificités dans son projet ». « Les bureaux d'études Iao Senn et Biosferenn ont réalisé des études environnementales qui ont permis au club d'identifier l'espace où positionner les terrains de football supplémentaires en impactant le moins possible les terres agricoles et en préservant les zones humides », déclare Didier Chapellon, adjoint à la biodiversité. « Nous venons de recevoir le projet indiqué comme définitif par le Stade rennais, complète Marc Hervé, adjoint à l'urbanisme. Il nous faut l'instruire avant d'arrêter un positionnement municipal. La délibération devrait être présentée en juin lors du passage en conseil municipal. » La direction du club a d'ores et déjà annoncé un dépôt de permis de construire en septembre 2022, pour un démarrage des travaux attendu en avril-mai 2023.