Le chef de l'Etat avait annoncé la couleur le matin même dans un long entretien à l'hebdomadaire Challenges: la réindustrialisation, c'est "la mère des batailles". "Réindustrialiser, c'est créer du pouvoir d'achat, financer notre modèle social", mais aussi "réduire le déficit du commerce extérieur". "Et puis, bien sûr, stopper le décrochage de cette France des territoires", plaidait ainsi Emmanuel Macron.
L'Elysée estime que la politique des six dernières années "porte ses fruits" : 300 créations nettes d'usines en France entre 2017 et 2022, à comparer avec les 600 destructions nettes entre 2008 et 2016. "Depuis six ans, nous avons créé 1,7 million emplois", a fait valoir le président, qui prédit le rattrapage "d'ici la fin du quinquennat" du "choc de désindustrialisation dû à la crise de 2008" (près d’1 million d’emplois industriels perdu entre fin 2000 et 2017).
Pour cela, il faut « accélérer » et, jeudi après-midi à l'Elysée, devant des acteurs de l'industrie française, Emmanuel Macron a dévoilé les grands axes du projet de loi "industrie verte" attendu mardi 16 mai en Conseil des ministres. "La clé, c'est la simplicité et la rapidité", a-t-il réaffirmé.
Délais divisés par 2
Pour cela, le projet de loi industrie verte prévoit notamment de réduire les délais d'implantation. "Nous devons regarder les délais réels, a expliqué Emmanuel Macron : 17-18 mois aujourd'hui. Ce que nous devons faire, c’est les diviser par deux. C'est pourquoi le projet de loi instaurera un délai de 9 mois maximum garanti entre l'accord pour l'implantation d'un site et le début des travaux. C’est possible en mettant en parallèle toutes les procédures", a-t-il assuré, précisant qu'il n’était pas question pour cela de s'affranchir des règles, notamment environnementales.
Zéro artificialisation
Pour coller à l'impératif de zéro artificialisation, le président de la République a également assuré que le projet de loi permettrait de faciliter la reconversion des friches, "en planifiant les implantations". "Il ne faut pas attendre d’avoir un projet pour réaménager ces friches. Nous ferons de sites identifiés avec les collectivités, des sites France 2030 pour lesquels 1 Md€ sera dégagé avec la Banque de territoires afin de permettre de dégager plus rapidement du foncier industriel disponible", a-t-il promis. Et d'ajouter : "Il y a là également un enjeu énorme pour la filière du recyclage et de l’économie circulaire."
Par ailleurs, le programme Territoires d’industrie va être relancé : 100 M€ seront débloqués dès cette année pour appuyer des projets industriels qui raniment les territoires.
Crédit d'impôt
Autre axe du projet de loi : le financement des projets. Emmanuel Macron a, pour soutenir l'investissement, annoncé la mise en place d'un "crédit d’impôt industrie verte" destiné à soutenir fiscalement les technologies d'avenir identifiées par l’Europe à savoir les batteries, pompes à chaleur ou encore les panneaux solaires. "Selon l'analyse de Bercy, ce crédit d'impôt permettrait de déclencher 20 Mds € d’investissement d’ici 2030", a expliqué le président.
Enfin, concernant la demande, il a réaffirmé vouloir privilégier une commande publique responsable sur les marchés les plus critiques. "Nous avancerons de deux ans - juillet 2024 au lieu de juillet 2026 - la mise en oeuvre obligatoire de critères environnementaux dans les marchés publics".