Au 126, rue de Rivoli, en plein cœur de Paris, 13 000 m² datant des années 1920 et bâtis par les frères Perret font peau neuve. L'immeuble en R + 7 sur deux niveaux de sous-sol, dont une crypte médiévale, comporte également une terrasse en toiture. « Le bâtiment d'origine abritait un commerce et des bureaux en hauteur. Ni la terrasse, ni la crypte n'étaient accessibles au public. Notre volonté est de rendre ces deux espaces aux Parisiens », explique Amine Douyissi, responsable d'opération pour la foncière Redevco, maître d'ouvrage du projet. Après les travaux, l'ensemble accueillera commerces (rez-de-chaussée et R + 1), bureaux (du R + 2 au R + 4), et hôtel dans les trois derniers étages.

Au préalable, il a fallu vérifier que les dalles de béton, d'environ 10 cm d'épaisseur, pouvaient supporter les futures charges d'exploitation. « La structure d'origine en poteaux-poutres montre des signes de carbonatation, un phénomène naturel qui n'impacte pas la portance », précise Jérôme Félix, ingénieur structure du BET Aedis. La seule rénovation réalisée jusqu'ici, par l'architecte Anthony Béchu dans les années 1970, avait permis de renforcer certaines dalles au moyen de poutres croisées. « Nous avons donc décidé de conserver la structure porteuse en y ajoutant des renforts ponctuels, poursuit l'ingénieur. Cela afin de répondre à des besoins d'exploitation différents : 150 kg/m² pour l'hôtel, 250 kg/ m² pour les bureaux et 500 kg/m² pour les commerces. »

Désamiantage prolongé. Avant de pouvoir s'attaquer au béton, il faudra achever le désamiantage qui se prolongera jusqu'en juin prochain. Commencée en décembre dernier, cette phase a pris du retard en raison de mauvaises surprises. « Des fibres, que les sondages aléatoires n'avaient pas détectées, étaient encore présentes dans des zones difficiles à imaginer comme les jonctions planchers- façade. Or, même pour une infime quantité, d'importants moyens aussi bien humains que financiers doivent être mobilisés », rappelle Amine Douyissi.
Si cette étape se prolonge, la phase précédente de curage et de tri des matériaux en vue de leur réemploi s'est, elle, déroulée sans encombre malgré une logistique délicate à mettre en œuvre. Le transit des camions ne pouvait en effet se dérouler que dans une seule rue, la bien nommée rue des Déchargeurs. « Très exiguë, elle n'autorisait l'installation que d'une benne à la fois. Et, difficulté supplémentaire, la préfecture ne permet que deux transits de poids lourds par jour dans ce secteur : tôt le matin, puis plus tard dans la matinée », indique Dominique Champion, dirigeant de la société Edifira, en charge de la maîtrise d'œuvre d'exécution sur l'opération.

Tri in situ. Le tri des matériaux s'est donc organisé au sein même de l'immeuble. « Chemins de câbles et extincteurs resteront sur place, tout comme les ardoises de la toiture qui serviront de paillage aux terrasses végétalisées. Quant aux dalles de faux plafonds, aux plafonniers à leds et aux mitigeurs, ils ont déjà trouvé preneur via la plateforme Cycle Up pour être réemployés», précise Amine Douyissi. Plusieurs bennes ont été installées aux niveaux - 1 et - 2 ainsi qu'au rez-de-chaussée, ce qui permet de les déplacer aisément par la rampe d'accès du parking. Ce n'est que lorsqu'une benne était pleine que son emport était organisé. Un lift a aussi facilité la logistique.
Dernier élément majeur du chantier, les travaux sur la crypte médiévale, classée à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, visent à magnifier le lieu partiellement dégradé par des infiltrations d'eau. Son mur nord sera nettoyé de l'enduit qui masque les pierres, puis l'ensemble de celles-ci et des joints sera traité. L'espace de 60 m² sur 6,50 m au plus haut des voûtes bénéficiera de son propre accès, tout comme le rooftop. Les Parisiens pourront les découvrir à partir de mars 2026.
