Réhabilitation : la noblesse retrouvée de modestes ateliers

En banlieue parisienne, la transformation d'un îlot industriel en bureaux et locaux artisanaux a été l'occasion pour l'agence d'architecture B2A de magnifier l'ordinaire.

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Deux immeubles mitoyens, l'un en acier et l'autre en briques, marquent l'entrée de l'îlot.

Les communes de la première couronne de Paris recèlent, au fond de nombreuses parcelles, de modestes ateliers faits de bric et de broc mais qui, une fois passés entre les mains d'orfèvre de certains maîtres d'œuvre, se révèlent être des joyaux. Exemple à Malakoff (Hauts-de-Seine), où l'agence Barre Bouchetard Architecture - aussi appelée B2A - a achevé cet été la transformation d'un îlot industriel en bureaux et locaux artisanaux pour le compte de la Financière Saint-Louis.

Les divers lots en cours de commercialisation totalisent une surface de 1 700 m². Ceux-ci sont répartis au travers de trois édifices datant des années 1920 à 1950, modifiés au fil du temps. « Notre intervention consistait à redonner une lisibilité et une fonctionnalité à cet assemblage de bâtiments, en assumant les frictions visibles entre leurs différentes époques de construction », indique Etienne Barre. L'architecte livre ici, avec son confrère Pierre-Alain Bouchetard, l'un des premiers projets de leur agence parisienne fondée en 2018.

Diagnostic. Sur cette opération, réalisée pour partie en site occupé, les deux jeunes concepteurs ont saisi l'importance primordiale d'effectuer un diagnostic d'avant-travaux précis du bâti existant, quel qu'il soit, afin de le réhabiliter au mieux. « Cette phase ne doit pas forcément être réservée au patrimoine savant, elle doit également être mise au service de celui plus ordinaire, qui a tout autant de choses à raconter sur son histoire », plaident-ils.

Chacune des trois entités de l'îlot présentait des qualités et des défauts. L'immeuble le plus ancien, qui côtoie le plus récent au n° 11 de la rue Benjamin-Raspail, disposait d'un bel escalier de style Art Déco, mais pas d'ascenseur. Il a donc fallu en installer un, au pied du perron, de manière à desservir ses trois étages et ceux du bâtiment mitoyen. Ce dernier avait l'avantage et l'inconvénient d'être éclairé par deux murs-rideaux aux allèges amiantées. De nouveaux les remplacent désormais, et leurs vitrages toute hauteur apportent encore plus de luminosité aux plateaux de bureaux qui ont été aménagés.

Quant à la halle d'atelier qui occupe le fond de la cour, sa verrière vétuste nécessitait une rénovation totale afin d'améliorer le confort thermique du lieu. Le simple vitrage a été changé par du double au niveau du lanterneau et, pour supporter ce poids en surplus, les fermes de la charpente métallique ont été renforcées.

Shed. Rien à faire, en revanche, avec la structure en bois qui formait le shed du petit local attenant. « Elle avait pris l'eau et tenait grâce à des étais… et par l'opération du Saint-Esprit, observe Pierre-Alain Bouchetard. Sans aucune chance de pouvoir la sauver, nous avons dû la reconstruire en adoptant le même gabarit. » Son changement d'usage n'était pas permis, car la mairie de Malakoff veille au respect de son PLU. « Le document d'urbanisme préserve l'activité artisanale dans ce secteur, précise Pierre-Alain Bouchetard. Nous le défendons aussi. C'est pourquoi nous avons conservé autant que possible le patrimoine qui s'y rattache. » Dans les bureaux, les murs de refend ont été grattés pour redécouvrir les maçonneries en briques, et les faux plafonds ont été déposés pour laisser apparaître les poutrelles métalliques. Les architectes de l'agence B2A ont su ici estimer toute « la valeur du banal ».

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Financière Saint-Louis. Maîtrise d'ouvrage déléguée : Braxton AM.

Maîtrise d'œuvre : Barre Bouchetard Architecture/B2A (architecte). BET : Assemblage Ingénierie (structure), Patrick Tual (fluides), Denis Rousseau (économie).

Entreprise générale : Dumez.

Surface : 1 700 m² SP.

Coût des travaux : 3,4 M€ HT.

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